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3L210: Si vis pacem, para bellum par Jean Louis Soulier

Si vis pacem, para bellum 

Jamais, ce 05 mars 2025, cette expression d’origine romaine n’a été plus adaptée au discours du président Macron, « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Certes, malgré sa violence, cela n’est pas nouveau en soi,  la dissuasion nucléaire en est un exemple parfait. Et, à propos de ce concept hérité de la dernière guerre  mondiale, le débat est lancé depuis que, tout récemment, l’Allemagne demande expressément de pouvoir  se mettre à l’abri (de la menace russe) du parapluie nucléaire français qui est le seul présent en Europe et  qui, de plus, est à priori entièrement autonome des américains. L’Angleterre, qui, entre parenthèse, n’est  plus dans l’Europe, ce qu’elle semble regretter amèrement tant elle a été abusée par les populistes qui lui  ont fait croire aux merveilles du Brexit, possède aussi l’arme nucléaire mais elle est, pour un certain nombre  de facteurs sensibles, tributaire des États Unis.

Rappelons pour mémoire, et cela est très important, que lors de la désintégration de l’URSS, l’Ukraine,  comme le Bélarus (La Biélorussie) et le Kazakhstan, nouvellement indépendants, ont renoncé à leur arsenal nucléaire en échange de garanties de sécurité de la part des États Unis, du Royaume uni, de la France, de  la Chine et de la Russie (Accord de Budapest du 05 décembre 1994. Les équipements ont, dans la foulée, été rapatriés en Russie car ils leur appartenaient, et les silos détruits). Lors de cette conférence, Bill Clinton déclarait alors solennellement : « Les garanties de sécurité que nous avons données à ces trois pays  soulignent notre engagement en faveur de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de  ces états ».

20 ans plus tard, en s’emparant de la Crimée, la Russie faisait voler en éclats cette déclaration de garantie et les signataires de l’accord de Budapest ne bougèrent pas véritablement si ce n’est par des condamnations sans appel. 28 ans plus tard, La Russie envahissait l’Ukraine, Les signataires de l’accord, sauf la Chine, accordèrent alors leur soutien militaire et financier à l’Ukraine. Aujourd’hui, 31 ans plus tard, les USA se désengage du soutien à l’Ukraine, ce qui constitue de leur part un non-respect absolu de leurs engagements passés. Certains les ont qualifiés de traîtres, je pense que le mot est parfaitement approprié.

Oui, l’Europe ne peut plus compter sur le soutien des États-Unis. L’action de ces dirigeants actuels font que  la parole de ce pays ne vaut plus rien. Il faut en prendre acte, même si on aurait pu se douter que cet isolationnisme brutal puisait ses racines dans des prises de positions qui remontent au président Obama, et  prendre, en tant qu’Europe, quelques dispositions utiles à ce sujet. Mais pire que cela, par sa décision unilatérale de ne plus soutenir l’Ukraine, au terme de ce qu’a constitué finalement un traquenard avéré dans le bureau ovale le 28 février dernier, Trump devient de fait un allié objectif de Poutine. Mais là aussi, cela ne doit pas nous surprendre car, depuis le milieu des années 80, Poutine, alors membre influent du KGB en  aurait fait un « correspondant confidentiel », non pas un agent, mais une personne qui, grâce au soutien financier de la Russie dans les moments difficiles de l’activité immobilière des sociétés du groupe Trump, l’aurait aidé à se maintenir à flot avec, n’en doutons pas un seul instant, quelques contreparties qui y seraient  attachées. Dans ce domaine, un certain nombre d’enquêtes ressortent aujourd’hui mettant l’accent sur cette  accointance dangereuse par la révélation d’un faisceau d’indices qu’il serait bien utile d’approfondir.

Au vu de la tournure actuelle des évènements, cet investissement, s’il y a, est particulièrement rentable pour  la Russie, embourbée qu’elle est dans ce conflit hors d’âge où elle a perdu une quantité très importante de  matériel militaire et près de 400 000 hommes. Mais contrairement à nous, européens, la Russie, elle, travaille  sur le temps long. La guerre hybride qu’elle mène depuis des années et pas seulement en Europe, mais  aussi en Afrique avec le groupe paramilitaire Wagner de sinistre mémoire, en est une preuve de plus.  Souvenez-vous, lorsque les exactions de ce groupe ont été révélées sur la place publique, Poutine disait au  départ tout simplement que ce n’était pas du tout l’œuvre de Moscou.

Soyons bien conscient, que Poutine cherche par tous les moyens à saper la démocratie occidentale, car elle est dangereuse pour son pouvoir, et il a maintenant, en la personne de Donald Trump, un allié de poids qui,  de son côté, s’est doté, ni plus ni moins, du même objectif. Dans ces conditions, la défense européenne, par  la constitution d’une armée forte et puissante, est une obligation pour la défense de nos valeurs humanistes  et démocratiques et, notamment, de celles contenues dans la déclaration de Bill Clinton de 1994. Et oui, même si c’est très dur à entendre, et disons le particulièrement anxiogène, notre génération ne touchera  plus les dividendes de la paix, et j’ajouterai que malheureusement, les générations futures ne toucheront pas non plus les dividendes du climat, de la biodiversité et de l’abondance de l’énergie, mais ceci est un  autre débat. Pourtant, le pire n’est jamais certain, à condition de prendre les bonnes décisions maintenant.

Jean Louis Soulier, ce jeudi 06 mars 2025.

A propos Régis Moreira

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