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10L209: Visite au Louvre par Monika Wonneberger-Sander

Visite au Louvre

 

Rien de plus facile que de réserver un billet pour une entrée au Louvre peu de temps avant la date souhaitée, date et heure à votre convenance – mais en sortant du métro, force est de constater que vous n’êtes pas la seule à avoir eu cette idée lumineuse, les couloirs du Carrousel du Louvre sont emplis de visiteurs du monde entier, patientant silencieusement. La jauge quotidienne des visiteurs est de 30 000 personnes actuellement.

Laurence Des Cars, la Présidente-Directrice du Louvre, annonce de grands travaux pour ce prestigieux musée, une nouvelle entrée dans la colonnade de Perrault pour améliorer l’accueil des visiteurs, un espace dédié à La Joconde ainsi que maintes améliorations des conditions de travail, de sécurité et d’assainissement.

 

Comme proposé par la publicité, j’avais très envie de Revoir Cimabue – aux origines de la peinture italienne.

 

Deux évènements sont à l’origine de cette exposition, la découverte, fortuite, en 2019 d’un panneau inédit faisant partie d’une série de 8 panneaux (4 connus dont un perdu) : « La Dérision du Christ » lors de l’inventaire d’une maison particulière dans l’Oise en 2019 ; restauré, déclaré trésor national, il fut acheté par le Louvre en 2023.

L’autre événement est la restauration de la « Maestà », la vierge en majesté, tableau majeur de Cenni di Pepo, dit Cimabue, né à Florence vers 1240, mort à Pise en 1302. Les historiens de l’art le considèrent comme peintre majeur de la Pré-Renaissance italienne. Ses innovations picturales signent le déclin de la peinture byzantine, en vogue depuis la fin du IXe siècle lorsqu’il était à nouveau possible de représenter des figures dans l’empire romain d’Orient. Cimabue cherche à montrer, timidement, les volumes des corps, les gestes, l’émotion des personnages. Giotto continuera,  introduisant la perspective. Les fonds en or laisseront petit à petit la place aux paysages plus ou moins idéalisés.

Le tableau ainsi mis à l’honneur est entouré d’un parcours pédagogique pour permettre d’accéder à une nouvelle compréhension de l’œuvre ; grâce à la restauration, on redécouvre les détails cachés jusqu’alors par des repeints, on comprend mieux l’influence byzantine et islamique.

L’exposition aborde également le rapport entre Duccio (di Buoninsegna né à Sienne vers 1255, mort vers 1318) et son maître autour du diptyque de Cimabue dont on mesure mieux aujourd’hui l’influence sur la Maestà de Duccio.

Un tableau de Giotto (François d’Assise), élève de Cimabue depuis son plus jeune âge selon la légende, termine le parcours. On peut dire que le regard porté sur le monde par Giotto sera à l’origine d’un nouvel humanisme, La Renaissance, dont l’homme est le centre.

 

Il y a quelques années, j’ai été très impressionnée par le livre d’Oliver Rey : Gloire et misère de l’image après Jésus-Christ, Ed. Conférence, 2020. Conscient de l’importance de l’image dans la société actuelle, l’auteur revisite la tradition chrétienne dans ce domaine depuis l’époque de Jésus-Christ, soulignant son rôle (éducatif) et son influence. Ces images ont nourri la foi des chrétiens au cours des siècles, incitant à la prière mais sans doute également à une certaine superstition, une superficialité. Livre intellectuellement réjouissant qui ne m’avait pas préparé au choc visuel et émotionnel ressenti à la vue de la Maestà.

 

Légèrement surélevé, le grand tableau domine la pièce aux dimensions réduites par ses couleurs raffinées et lumineuses.

Notre sensibilité varie selon les moments, nos affinités avec une culture qui n’est pas la nôtre peuvent laisser à désirer. Ce jour-là, l’éclatante beauté de l’œuvre, sa sensualité, la spiritualité qu’elle dégage m’ont beaucoup touchée. Ce n’était pas uniquement un pur plaisir esthétique, le tableau suscite des résonances fortes – hiératique, sereine, elle transmet sa liberté intérieure à ceux qui la contemplent. Elle renouvelle ma joie d’habiter le monde – malgré la foule et la longueur des couloirs…

 

Monika Wonneberger-Sander, février 2025

A propos Régis Moreira

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