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9L208: Couleurs et saveurs …par Monika Wonneberger-Sander

Couleurs et saveurs …

 

Les écrivains habités par deux cultures comme Amin Malouf, François Cheng et bien d’autres développent une sensibilité particulière  faite d’ouverture, de souffrance aussi face à l’incompréhension due à leur différence.

Je fais mienne ces phrases de François Cheng :

« la vraie vie ne se limite pas aux savoirs dont le mérite est certain ; elle est dans le désir même que chacun porte à la Vie, désir d’une vie ouverte en communion avec d’autres vies, dans une commune Présence où tout fait signe, tout prend sens. Si le temps doit venir où un dieu créera un nouvel ordre de vie, c’est avec les âmes gardant faim et soif de la vraie vie qu’il le fera ».(1)

Rien ne doit tarir ce goût pour la vraie vie, ni l’âge ni le handicap. Une fête familiale me donne l’occasion de partir au Vietnam, à Sài Gon Hò Chí Minh Ville, situé sur la rivière de Saïgon. Air France a un excellent service « handicapés » et plante des arbres pour lutter contre la pollution induite par l’avion.

Je retrouve la vie trépidante du Vietnam, les habitants, vifs et joyeux, se déplacent avec une habileté impressionnante  sur leurs scooters au milieu des flots de voiture sans provoquer le moindre accrochage, je me promène dans les parcs aux arbres immenses où jeunes et moins jeunes se réunissant pour échanger et se faire livrer des petits plats.

Des minuscules commerces animent la rue, réparations de tout ordre, offres diverses et surprenantes, des ravissantes jeunes filles déambulent, habillées pour une fête en robes chatoyantes – tout cela se mélange en un kaléidoscope de couleurs.

S’y ajoutent les effluves de la délicieuse cuisine vietnamienne et me voilà plongée dans une vie si différente, si revigorante, un élan de force et de joie.

J’apprends que de nombreux habitants continuent à appeler leur ville par son nom vietnamien Sài Gon – faut-il y voir une raison politique ?

L’interprétation la plus populaire du nom est dû à l’ancien roi cambodgien Norodom Sihanouk (selon Wikipédia) qui suggère que le nom Sài Gon signifie « ville forestière » ou « royaume forestier » selon le nom khmer de la ville (d’origine sanskrite) Prey Nôkôr « forêt ou jungle » et « ville ou royaume ». Mais il semblerait que Sài Gon signifie également  « bois de kapok » à cause de la présence de cet arbre à l’emplacement de la ville.

Mes guides me font visiter les bâtiments anciens de la ville, la gare où j’ai acheté de ravissants bracelets, l’immense hôtel de ville, l’opéra, la cathédrale en briques roses (importées de Toulouse alors qu’on en fabrique dans la région). Elle est en travaux depuis 10 ans, recouverte d’une résille parsemée de petites ampoules qui brillent la nuit. L’argent manque pour achever la restauration.

Nous nous promenons sur les marchés très animés, on y trouve de tout. Les rues adjacentes sont  bucoliques avec leurs petites maisons à plusieurs étages, des arbres et des fleurs à foison grâce au climat chaud et humide.

J’ai la chance de suivre une préparation culinaire chez une charmante Saïgonnaise, Ta Thi Huong. Nous faisons des emplettes sur le marché et partons chez elle rencontrer ses deux enfants, Hong qui porte le prénom de son père et Ha la fille (les prénoms de la famille commencent par un « H »), tous les deux étudiants, le garçon suit les traces de son père – transport maritime – la fille se destine au métier de designer. Ils habitent une maison typique de Sài Gon (appelée maison tube) dans un quartier populaire dont ils sont fiers à juste titre. Maison tube, car elle dispose d’une pièce par étage. Le nombre d’étages autorisés dépend de la surface au sol.

Les rouleaux de printemps, le porc au caramel au jus de coco et le bœuf au gingembre, préparés ensemble, n’ont plus de secrets pour moi.

Le soir spectacle à l’opéra : « A la découverte du quotidien d’un village traditionnel à l’image burlesque et fantastique, mis en scène par la troupe du nouveau cirque. Un fil ininterrompu de tableaux vivants entraîne le spectateur au cœur de cette culture populaire en croisant les langages du cirque, du théâtre, de la musique et de la danse » dit la notice officielle qui oublie de mentionner le côté virtuose des différents tableaux qui relève de l’acrobatie de haut niveau, spectacle imprégné de beaucoup d’humour. La troupe fait participer le public et nous crions à la demande « A » et « O », le nom de la troupe. Délicieuse soirée.

C’est évidemment la fête de famille qui couronne le tout, les rencontres informelles, les échanges en toute liberté et la participation à la joie du jeune couple qui s’engage. Ils font confiance à la force innée qui nous habite tous, quel que soit l’âge.

Voyage, couleurs, saveurs, rien de tel pour me sentir vivante, prête à repartir – à l’image de l’arbre devant ma fenêtre. Il fait encore sombre à Paris – à Sài Gon le soleil est levé à 7 heures – mais sur les branches dénudées qui strient le ciel gris, je vois les bourgeons prometteurs d’une vie renouvelée.

Càm o’n, merci, essayez de le prononcer correctement ….

 

Monika Wonneberger-Sander, janvier 2025

1/  François Cheng : De l’âme, Albin Michel ; 2016

A propos Régis Moreira

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