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Editorial L206: La démocratie et la spiritualité ont besoin de D&S Démocratie & Spiritualité a besoin de vous … par Daniel Lenoir

La démocratie et la spiritualité ont besoin de D&S

Démocratie & Spiritualité a besoin de vous …

Nous vivons un moment Gramscien, une de ces crises où « le vieux monde se meurt et le nouveau tarde à naître ». Et « c’est dans cet interrègne que naissent tous les monstres »[1] ajoutait le philosophe marxiste italien qui se disait « pessimiste par la raison mais optimiste par la volonté »[2].

Des démocraties en crise ….

Nous vivons depuis quelques mois la crise institutionnelle la plus grave depuis le début de la Cinquième République. Au même moment l’Union européenne est en quête de son identité, face à la montée en son sein des populismes d’extrême droite et à l’agression de Poutine contre l’Ukraine. Et l’embryon de société démocratique mondiale que se voulait l’Organisation des Nations Unies se révèle incapable d’agir face à ce conflit en Europe, comme elle l’est face à ceux qui montent au moyen orient suite aux attaques terroristes du 7 octobre et à une riposte israélienne disproportionnée ; comme elle l’a été hier pour réguler une mondialisation trop souvent destructrice et pour développer une gestion démocratique de ce commun que constitue notre planète et son habitabilité.

Pour graves, dramatiques, tragiques, que soient tous ces événements, notre conviction est qu’ils ne sont que les tsunamis de mouvements tectoniques plus profonds qui affectent la noosphère[3], cette « collectivité harmonisée des consciences, équivalente à une sorte de super-conscience »[4] ; cette conscience que l’humanité à d’elle-même comme la conscience humaine elle-même, autrement dit la dimension spirituelle de notre humanité commune.

C’était notre intention de consacrer notre université d’été 2024 à cette analyse de la crise de l’aspiration démocratique à la lumière de l’inspiration spirituelle, en allant au plus profond de la compréhension anthropologique de ces deux dimensions fondatrices de notre association. La pression des événements politiques de cet été et la conscience de ne pas avoir assez approfondi les travaux préparatoires pour que ce moment de rencontre puisse déboucher sur des propositions opérationnelles nous ont conduit à le reporter d’un an pour consacrer l’année qui vient à un approfondissement de ces questions. C’est l’objet du dossier de cette lettre, qui identifie un certain nombre de thèmes de réflexion auxquels vous êtes invités à vous associer, que d’ouvrir ce chantier d’année.

Des spiritualités en crise aussi …

Si les démocraties sont en crise, les spiritualités, ou du moins leurs traductions instituées que sont les religions, le sont tout autant : un catholicisme démonétisé par le scandale de la pédophilie, et plus généralement par  l’opprobre suscitée par les crimes sexuels commis en son sein et dont les révélations sur les dérives de l’abbé Pierre, de celui qui fut la figure la plus emblématique de « l’option préférentielle pour les pauvres »[5] de la doctrine sociale catholique  ; sans parler du poids croissant d’une petite poignée de milliardaires qui se réclament du même catholicisme et veulent imposer dans leurs médias une conception rétrograde de la chrétienté ; un évangélisme protestant qui soutient outre atlantique des proto-dictateurs populistes comme Trump ou Bolsonaro, ainsi que le projet théocratique du grand Israël ; les dérives d’un islamisme radicalisé qui a depuis longtemps rompu avec les traditions les plus vivantes de l’islam,  spirituelles, comme le soufisme, ou intellectuelles, celle de cet « islam des Lumières »[6] qu’appelait de ses vœux Malek Chebel ; cette dérive djihadiste notamment dont nous avons à nouveau pu revivre le 7 octobre de l’année dernière la barbarie terroriste et antisémite ; les dérives d’un sionisme théocratique qui a lui aussi rompu avec les amarres intellectuelles et spirituelles du judaïsme, et applique sans discernement la loi du Talion en en multipliant par mille les effets ; on pourrait, hélas, étendre à l’infini les dérives de ces traditions spirituelles comme celles des autres, comme le bouddhisme en Birmanie, l’hindouisme en Inde, ou même l’athéisme quand il cherche lui aussi à imposer sa croyance, à l’inverse de notre tradition laïque.  Dans tous les cas on peut constater le lien étroit entre ces dérives et le cléricalisme, avec l’absence de démocratie au sein des « spiritualités ». Au-delà, en s’éloignant de leurs sources intellectuelles et spirituelles, on peut constater une forme de fossilisation de ces traditions.

Notre conviction est que, depuis la Renaissance, nous vivons un nouvel âge axial[7] qui devrait nous amener, dans les douleurs de l’enfantement, à imaginer un « nouvel humanisme » qui doit pouvoir puiser dans ce que ces traditions intellectuelles et spirituelles ont de meilleur. C’est l’enjeu du chantier « Spiritualité(s) : archipel ou bien commun » que nous conduisons avec le Forum 104 et qui débouchera le 1er février prochain sur un « colloque-action » auquel vous serez évidemment invités.

Démocratie & Spiritualité a besoin de vous

Sur ces différentes questions nous ne proposons pas de réponse toute faite, une doctrine, mais un cheminement qui repose sur une intuition, celle qui a conduit à la création de Démocratie & Spiritualité il y a une trentaine d’année, et sur une méthode, celle qui repose sur les quatre engagements de la Charte.

Ce chemin est un chemin de crête, toujours difficile à tenir, et il peut nous arriver de céder au découragement, voire ressentir une forme d’épuisement. Si nous tenons, c’est grâce à notre réseau de partenaires, et plus encore grâce à votre soutien.

Soutien, pourquoi ne pas le dire, financier d’abord : soit en adhérant, soit si cette démarche vous semble trop exigeante, en étant donateurs. Vous pouvez le faire sur le site helloasso.com (Adhésion démocratie et spiritualité 2024).

Soutien à la diffusion en participant à la promotion de cette lettre ainsi qu’à nos publications, celle de la collection que nous avons créée avec nos partenaires des éditions de l’Atelier[8]. Vous pouvez encore souscrire à notre quatrième ouvrage « Logique de pouvoir et éthique – Des ressources spirituelles pour l’exercice des responsabilités », ainsi que commander les trois premiers sur Helloasso.com (Souscription et commandes de livre démocratie et spiritualité)

Soutien actif en contribuant à nos travaux. En contribuant à cette lettre, par exemple. En participant à nos groupes de travail, ceux préparatoires à l’Université d’été ou les nouveaux groupes thématiques que nous avons créés (« à l’écoute des jeunes » ou « hospitalité ») où que nous envisageons de créer. En participant à nos groupes locaux, à Grenoble, à Nantes, ou encore à Paris où nous avons un groupe cheminement. Ou encore participer à la création de nouveaux groupes locaux.

Daniel Lenoir

 

 

 

[1] Antonio Gramsci « Cahiers de prison »

[2]

[3] « Nous n’avons encore aucune idée de la grandeur possible des effets « noosphériques ». La résonance de vibrations humaines par millions ! Toute une nappe de conscience pressant sur l’Avenir en même temps ! Le produit collectif et additif d’un million d’années de Pensée ! » (Teilhard de Chardin, Le phénomène humain, 1955)

[4] Teilhard de Chardin, Le phénomène humain, 1955.

[5] Jean-Paul 2, « Centesimus annus » (1991), cf. & 57.

[6] Malek Chebel Manifeste pour un islam des Lumières. 27 propositions pour réformer l’islam

[7] « Entre 800 et 200 avant JC, il se passe des choses extraordinaires. En Chine, vivent Confucius et Lao-Tsé, on voit naître toutes les tendances de la philosophie chinoise. Aux Indes, c’est le temps de Bouddha. Toutes les possibilités philosophiques se déploient, jusqu’au scepticisme et au matérialisme, jusqu’à la sophistique et au nihilisme, comme c’est le cas en Chine. En Perse, Zarathoustra développe son âpre vision du monde où l’univers apparaît déchiré par le combat du bien et du mal. En Palestine, se dressent les prophètes, depuis Elie, Esaïe, Jérémie, jusqu’au second Esaïe. En Grèce, il y avait Homère, les philosophes Parménide, Héraclite, Platon, les Tragiques Thucydide et Archimède. Tout ce que de tels noms ne peuvent qu’évoquer a grandi au cours de ces quelques siècles, à peu près en même temps en Grèce, aux Indes et en Orient, sans que ces hommes aient rien su les uns des autres. La nouveauté de cette époque, c’est que partout, l’homme prend conscience de l’être dans sa totalité, de lui-même, et de ses limites. (Karl Jaspers « Introduction à la philosophie » )

[8] Trois ouvrages parus

A propos Régis Moreira

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