2L202: Présentation du livre : « Des raisons d’espérer ; ressources spirituelles face aux défis actuels » par Michel Ray

DEMOCRATIE & SPIRITUALITE                  Collection en partenariat avec les Editions de l’ATELIER

Journée du 30e anniversaire ; 9 décembre ; première table ronde

Présentation du livre : « Des raisons d’espérer ; ressources spirituelles face aux défis actuels »

 

(Notre contexte actuel)

Changement climatique qui nous arrive comme un tsunami, crise écologique multiforme, guerres entre blocs, barbaries, inégalités croissantes, … Le poète nous susurre à l’oreille : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ». Mais face à l’ampleur des défis contemporains, comment ne pas céder au déni, -après moi le déluge- ou à l’éco-anxiété paralysante, et à un profond sentiment d’impuissance ?

 

Quel sens donner au titre et au sous-titre ?

« Des raisons d’espérer »

Un ami qui entendait ce titre a immédiatement posé la question : « Déraison », en un mot ? La question se pose vraiment aujourd’hui.

Évidemment, il serait illusoire de demander que le livre puisse répondre simplement par un oui ou par un non.

La façon dont ce livre a choisi de poser la question, est plutôt : comment apprendre, à chaque défi, à faire émerger des raisons vivantes d’espérer, aujourd’hui ? Et comment des témoignages de cheminements vivants peuvent nous inspirer ?

Les ressources humanistes, éthiques, spirituelles, de sagesse de l’humanité constituent une richesse difficilement imaginable, un véritable bien commun. Mais comment nous organiser pour y accéder de façon ouverte et suffisamment profonde compte tenu des enjeux ?

J’ai été personnellement un témoin direct, avec émotion : plusieurs éléments peuvent contribuer, chacun modestement, à cet accès, par exemple très concrètement : la disponibilité à l’altérité qu’offre des témoignages, le choix personnel de « se lever », la patience du travail collectif amical et interconvictionnel, la qualité d’écoute de l’autre/des textes/des événements, le cheminement sur le cycle complet des défis à l’action, une attention aux renoncements nécessaires, …

Mais d’abord quel sens donner à ce mot espérer aujourd’hui ? Espérer ne nous renvoie-t-il pas à notre aujourd’hui, ne nous invite-t-il pas à certains « lâcher-prise », … Nous pourrons peut-être essayer d’y revenir pendant la discussion.

 

C’est un livre collectif ; il rassemble les écrits :

• De 9 contributeurs de textes personnels, dont des témoignages d’origine juive, baha’ie, athée, agnostique, chrétienne.
• Avec une préface de Jean-Baptiste de Foucauld,
• Une introduction corédigée par Daniel Lenoir et moi-même,
• Et une postface que Abdennour Bidar a composée.

3 groupes de travail, de 8 personnes chacun, se sont réunis entre 2018 et 2022, pour expérimenter, en réseau :

• L’un avec des membres de la communauté chrétienne de Saint Merry, ainsi que deux personnes athées, en 2018 et 2019,
• Un groupe d’amis, chercheurs de sens, appelé « Mutations », qui continue à se réunir et accueille de nouveaux membres,
• Et le groupe interconvictionnel Défis/spiritualité de l’association Démocratie & Spiritualité.

C’est au total plus de 40 personnes, dont les relecteurs, y compris de la jeune génération, qui ont participé à ce travail, et que je remercie tout particulièrement ici.

 

Ce livre est une invitation à une ouverture interconvictionnelle

« Apprendre à connaître et respecter les autres formes d’expériences et de spiritualité que la sienne et faire de ce dialogue un support de son propre cheminement » : ce deuxième engagement des membres de D&S, invite au dialogue interconvictionnel, c’est-à-dire entre personnes de religions, de spiritualités, de convictions différentes, y compris athées ou agnostiques, y compris également entre des convictions opposées au sein d’une même religion.

Une amie, membre d’un groupe travaillant actuellement au Forum 104 sur le même sujet que ce livre, me disait récemment après l’avoir lu : « Ce livre a été pour moi une expérience d’ouverture à la spiritualité des autres ».

Au sein du groupe de D&S, se sont rencontrées des personnes musulmanes, catholiques, protestante, orthodoxe, franc-maçonne, bouddhiste, …

 

Ce livre présente plusieurs travaux personnels et en groupe, quelques exemples

• Dominique Carliez a choisi, dans le domaine du changement climatique, l’enjeu plus spécifique du choix de la nouvelle technologie de la 5G. Il a notamment approfondi deux questions, la consommation énergétique croissante, et la « fuite en avant technologique ».

Il a creusé les ressources spirituelles contenues dans Laudato Si, du pape François sur l’écologie, notamment dans ses parties qui s’adressent à tout homme.

Au-delà du cas concret de la 5G, cette contribution débouche sur « quelles questions humanistes, éthiques, spirituelles est-il intéressant de se poser face à des situations de fuite en avant technologiques ? » (Comme par exemple actuellement le cas de la géo-ingénierie et du changement climatique).

• Albert Huguet, qui est athée et qui a été ouvrier métallurgiste, puise dans une grande diversité de ressources spirituelles ; pour lui, face aux défis, ce qui est essentiel c’est de faire sa propre « Métanoïa », c’est-à-dire sa propre transformation profonde, personnelle et spirituelle.
• Le témoignage de Catherine Collin a choisi comme défi « la violence » : elle est visiteuse de prison et ce sujet nécessitait d’être regardé en face pour pouvoir « rester debout ».
• Un chapitre du livre est consacré à un travail collectif de tout le groupe interconvictionnel défis/spiritualité de D&S.

A la fin des confinements du Covid, le groupe a été choqué par le « retour rapide comme avant », par cette forme de « dispersion » que les grecs appelaient hubris ; nous nous sommes donc concentrés sur les enseignements « génériques » du Covid, c’est-à-dire ceux qui sont utiles aussi pour d’autres défis. En pensant à ce qui nous attend pour le changement climatique, le Covid ne peut-il être regardé, sous certains aspects, comme une répétition générale à l’échelle mondiale, mais à moindre échelle de gravité et de durée ?

 

Un exemple d’enseignement parmi plus de 10 autres : ce qui s’est passé en novembre 2019, à Wuhan, dans cette ville de Chine, a eu des conséquences mondiales (plusieurs dizaines de millions de morts en réalité), très rapidement : n’est-ce pas révélateur de nos profondes interdépendances globales, de fait ? Notre communauté de destin de toute l’humanité est dorénavant un fait établi, mais les mécanismes de solidarités, préventives et curatives sont-elles à la mesure des enjeux ? Avant 2019 ? Et aujourd’hui ?

 

Pour chaque enseignement, et au-delà de la compréhension de ces mécanismes, le groupe a essayé de proposer un chemin d’espérance, … et dans ce cas précis, par exemple : apprenons à savoir discerner et encourager les solidarités nouvelles qui se construisent, les négociations qui les rendent possibles, les mouvements citoyens de base qui travaillent progressivement mieux en réseaux…

Ce livre est une invitation à s’impliquer personnellement 

Ce livre est une invitation au voyage : les exemples contrastés de textes, récits de travaux de cheminements, sont aussi des témoignages de vie, de traditions spirituelles différentes. Derrière ces exemples, l’invitation, le clin d’œil faits au lecteur, sont comme des questions du type :

• Quel défi concret me motiverait pour un approfondissement personnel ?
• Et, dans ma propre tradition spirituelle, quelle qu’elle soit y compris athée, quelles seraient mes véritables ressources spirituelles, pour devenir mieux acteur ?

Ce livre est aussi une invitation au partage et à une dynamique collective

Il suggère une démarche, pour les personnes intéressées, non seulement individuellement, mais aussi collectivement. Les groupes qui ont travaillé ces sujets se sont posé la question, qu’est-ce qui m’a aidé à avancer, malgré les difficultés ? Comment se mettre en route ?

J’ai personnellement été émerveillé : dans chaque groupe, face aux défis actuels, la nature de ce sujet crée une confiance immédiate et profonde.

Les deux derniers chapitres du livre proposent donc quelques points de repère, à l’attention des personnes potentiellement intéressées « à aller plus loin », pour quand elles en ont envie ou besoin (par exemple pour se lancer individuellement dans l’aventure, ou pour l’animation d’un groupe). Un peu comme des pitons d’escalade sont laissés dans une paroie vertigineuse en montagne, en signe de solidarité et de fraternité, modestement. Un participant, à la fin de ce parcours a dit : « Le sujet est vaste, cette démarche permet d’avancer sans ce perdre ». Et un autre : « On va au bout du cheminement » (avec les étapes : quels renoncements ? Comment passer à l’action ?)

Pour fabriquer un tissu solide, il y a le sens du fil, et perpendiculairement le sens de la trame, parcouru par la navette :

• Si les témoignages de ce livre constituent les fils vivants du tissu,
• Alors, les intuitions-clé et la démarche plus précise qui sont proposées, constituent la trame de ce tissu, qui rend l’ensemble plus robuste, plus durable, et plus facilement transmissible.

Pour aller au bout de cette comparaison, ce tissu que ce livre essaye de contribuer à construire, très modestement, pourrait être appelé notre « résilience spirituelle face aux défis et aux manipulations d’aujourd’hui » ; n’a-t-il pas besoin d’être particulièrement solide pour préparer demain, avec ses incertitudes croissantes, et ses coups de boutoir qui provoquent des chaos ?

Si vous pensez que ce livre peut intéresser des proches, être une occasion de rechercher des chemins d’espérer, être un support, nous vous remercions de le faire connaître aux personnes qui pourraient en faire usage eux-mêmes, ou le faire connaître. Merci.

 

Michel Ray    9/12/23