Hommage à Danielle
J’ai toujours connu Danielle comme une femme engagée, déterminée, militante, dévouée, avec un fort caractère, n’hésitant pas à donner son avis même s’il était à contre courant. Une Danielle soucieuse de lutter contre toutes les inégalités et particulièrement les inégalités femmes / hommes.
Une partie de son histoire de vie est indissociable de son engagement dans le quartier de la Villeneuve de Grenoble. Ce quartier chargé à l’époque d’espoir et d’utopie.
Il y a bien 50 ans qu’elle est une militante de proximité de tous les combats de la Villeneuve.
Elle a été l’instigatrice et le fil conducteur du livre écrit en 2005 par Hervé Bienfait à l’occasion des 30 années du quartier. Un livre intitulé “Villeneuve la trentaine” qui donnait largement la parole aux habitants.
Et voilà qu’on a fêté, comme un clin d’œil, ce mois de novembre 2022, les 50 ans de ce quartier.
Danielle était traversée par de nombreuses questions existentielles. Rejetant une religion chrétienne trop institutionnalisée qui l’avait marquée dans son enfance, elle cherchait des territoires nouveaux pour redonner sens à la question de la spiritualité.
Même si elle disait quand même en 2002 : “Le message du christ représente toujours pour moi, le message le plus authentique de justice d’amour, et de dépouillement” .
C’est ainsi que nous avions initié ensemble, le groupe local “Démocratie & Spiritualité” à Grenoble en 1998. Ce groupe continue d’ailleurs de se réunir animé par Régis Moreira.
Cette réflexion redonnait du sens à son engagement. Comment refonder de nouvelles formes de démocratie active, participative, à partir d’une dimension, d’une attitude personnelle, intime, spirituelle, de respect et de bienveillance. Nous parlions à l’époque d’une “spiritualité laïque ».
Ce que j’ai longtemps admiré chez elle, c’est sa faculté d’autonomie. Cette capacité de découvrir le monde, même seule et femme ignorant les dangers. Faculté qui l’emmenait souvent à voyager, particulièrement en Amérique du Sud où elle avait beaucoup d’amies. Mais aussi plus proche, je la revois voyager seule dans son Kangoo et passer la nuit à dormir dans le coffre de sa voiture, et cela jusqu’à ses 75 ans.
Nous avions fêté ses 80 ans dans sa maison de Villard Latté près de Serres-Chevalier. Lieu d’accueil de ses amis et de transmission familiale, soucieuse de communiquer et de partager ses racines avec ses enfants Noémie, Jean Marc et Pablo et ses petits enfants.
J’ai retrouvé un poème qu’elle avait écrit en 2010 pour le journal du quartier de la Villeneuve :
“ Ah si toutes les femmes de la Villeneuve
pouvaient se donner la main
Se soutenir et se sourire
Notre quartier serait transformé.
Sachons rester libres dans nos têtes
Libres de toutes pressions de toutes violences
Sachons dire non à nos enfants, non à leurs égarements
Tout en les aimant et en préparant leur devenir
Sachons nous faire respecter par eux
En tant que mère, en tant que femmes
Des liens forts existent entre nous
Entre nos cultures à chacun.
Dans nos coeurs
Il n’y a ni haine, ni destruction
Mais de l’amour, l’amour d’une mère
L’amour de la vie
Mais il y a aussi un cri en moi, en nous
Une souffrance, une blessure, une détresse
Alors rapprochons nous
Faisons nous entendre, faisons nous comprendre.
Personne ne décide pour moi pour nous
Nos sensibilités sont plus riches que leurs discours
Partageons et chantons ensemble.”
Paul Bron
Grenoble, 25 Novembre 2022