Dilapider la grâce ? Réponse à une provocation :
Selon une source bien informée, la grâce désigne d’abord la séduction rayonnante de la beauté, plus le rayonnement plus intérieur de la bonté, enfin les dons qui témoignent de cette générosité.
La grâce est un don de Dieu. Comment la partager ? En criant sur les toits ? ou en avançant doucement, à l’image du pasteur Bonhoeffer, pendu par les Nazis en 45, pour distinguer la grâce à bon marché de la grâce qui coûte :
La grâce à bon marché équivaudrait en quelque sorte à la prédication de la bonne parole sans repentance, la grâce sans la marche à la suite de Jésus, la grâce sans la croix.
La grâce qui coûte serait la perle de grand prix, le trésor à constituer – non sur terre – mais dans les cieux, l’Évangile qu’il faut toujours chercher à nouveau.
Cette grâce coûte cher en effet, elle contraint le récipiendaire à se soumettre au joug de la marche à la suite de Jésus, à comprendre que la vie donnée par Dieu est complexe et non pas paradisiaque, qu’il faut y chercher sa juste place.
Il ne suffit pas de monter sur un podium et dire : « Ohé, ohé, écoutez bonnes gens, Dieu vous aime, j’en ai la preuve ». Devenir disciple du Dieu de Jésus demande réflexion, c’est un engagement total, il demande de rester debout dans la tempête, de faire inconditionnellement confiance au Dieu silencieux.
Mais si la grâce qui coûte est rupture avec le monde d’avant, le chemin qu’elle propose s’avère de plus en plus simple au fil du temps, elle autorise « le courage d’être » cher à Paul Tillich, permet de rester soi face à l’immensité de Dieu pour partager la grâce reçue.
Monika Wonneberger-Sander
Juin 2022