Bonjour,
Cette lettre de rentrée vous propose un nouveau cadre, destiné à mieux structurer notre
action et à faciliter sa circulation sur les réseaux sociaux. Si possible à nouveau mensuelle,
plus brève, elle comportera, comme auparavant, des rubriques stables, mais, à chaque fois un
dossier reprenant le thème de la dernière réunion conviviale, auquel l’éditorial sera, en
principe, également consacré.
Comme le montrent les articles qui suivent, le numérique a envahi nos vies, sans qu’on l’ait
vraiment décidé. Il est devenu en quelque sorte obligatoire. Il multiplie à l’infini notre accès
au savoir ainsi que nos possibilités de contacts. C’est comme si un organe supplémentaire
nous était soudainement attribué, pour le meilleur et pour le pire. Encore très peu régulé, c’est
un enjeu démocratique et spirituel de taille pour bien des raisons.
Il permet de nouvelles formes de dialogue, de communautés et de démocratie, mais, en même
temps, il capte nos données, en extorque une plus-value, ce qui peut conduire à une société de
surveillance généralisée, comme on en voit les prémices en Chine.
Mondialisé, il rapproche les personnes, mais remet en cause la souveraineté des Etats et,
bientôt, leurs politiques monétaires, risquant d’accroitre les désordres financiers.
Facilitant la mise en relation, il échappe aux règles de politesse et de civilité qui les
régissaient et peut répandre la haine et le harcèlement.
Il accroit notre pouvoir d’agir, mais il le disperse en accaparant notre attention par une
multiplicité des messages, de gratifications, et de tentations.
En un mot, le bon usage du numérique est un chantier à peine ouvert et une pédagogie à
inventer. Si nous pouvons saluer le RGPD européen qui permet en principe de mieux protéger
nos données et l’existence de moteurs de recherche qui se refusent à les collecter, le
numérique à visage humain reste largement à inventer encore. Il reste beaucoup à faire
pour :
-résister à l’assujettissement de nos temps de vie par les écrans ;
-maintenir la présence réelle dans des relations où le visage, la voix et l’oreille peuvent encore
s’exprimer, notamment dans l’accès aux services publics ;
-renforcer la capacité de distance, d’intériorité et de profondeur face à la pression mercantile
organisée de l’excitation ;
-inventer les nouvelles régulations étatiques et supra-étatiques ou communautaires pour
encadrer démocratiquement l’excès de puissance civilisationnelle des GAFA.
Au-delà de cette Lettre, D&S poursuivra sa réflexion sur ce sujet, dans l’un des groupes de
travail qui vont se mettre en place à la suite de notre 25ème anniversaire, dont les
modalités vous seront communiquées très prochainement.
Jean-Baptiste de Foucauld et Daniel Lenoir