Dieu
« Pourquoi ne pensez-vous pas qu’il est celui qui vient, qui est devant nous de toute éternité, qui est à venir, l’aboutissement et le fruit d’un arbre dont nous sommes les feuilles ? Qu’est ce qui vous retient de rejeter sa naissance dans les temps en gestation et de vivre votre vie comme un jour douloureux et beau dans l’histoire d’une immense grossesse ? Ne voyez-vous donc pas que tout ce qui advient est encore et toujours commencement, et ne pourrait ce pas être Son commencement, puisque enfin tout début est en soi d’une si grande beauté ? S’il est le plus parfait, ne doit-il pas y avoir quelque chose de plus petit avant lui, afin qu’il puisse choisir dans la profusion et la surabondance ? N’est ce pas lui qui doit être le dernier s’il faut que tout soit contenu en lui, quel sens aurions-nous si celui dont nous avons soif avant avait déjà été ? »
Aimer
« Aimer aussi est bon car l’amour est difficile. S’aimer, d’être humain à être humain : voilà peut- être la tâche la plus difficile qui nous soit imposée, l’extrême, la suprême épreuve et preuve, le travail en vue duquel tout autre travail n’est que préparation. »
Evolution
« Votre propre évolution, vous ne sauriez la perturber plus violemment qu’en regardant vers l’extérieur une réponse à des questions auxquelles seul votre sentiment le plus intime, à son heure la plus recueillie, est capable d’en donner une. »
Existence
« Nous devons accepter notre existence aussi loin qu’elle puisse aller ; tout, même l’inouï doit y être possible. C’est là au fond le seul courage qu’on exige de nous : être assez courageux pour accueillir ce qui peut venir à notre rencontre de plus étrange, de plus extravagant, de plus inexplicable. La lâcheté des hommes à cet égard a causé à la vie des dommages, sans limites ; les expériences vécues que l’on nomme « apparitions », tout ce que l’on appelle le « monde » des esprits, la mort, toutes choses qui nous sont si apparentées ont été à tel point expulsées de la vie, par une résistance quotidienne, que les sens avec lesquels nous pourrions les saisir se sont atrophiés. Ne parlons pas de Dieu. Mais la peur de l’inexplicable n’a pas seulement appauvri l’existence de l’individu, elle a aussi confiné les relations d’être humain à être humain, les a en quelque sorte tiré du lit d’un fleuve d’infinies possibilités pour les laisser sur une friche de la grève à laquelle rien n’advient. »