A tort ou à raison, j’ai peu de propension à intervenir dans les débats internes de l’Eglise en tant qu’institution ; ce qui est essentiel pour moi, c’est la recherche intellectuelle et spirituelle, la lecture régulière et la pratique, si difficile, de l’Evangile, la participation régulière au culte, trop négligée à mon avis, l’ouverture aux autres spiritualités qui nous en apprennent tant sur nous-mêmes, les pratiques démocratiques concrètes de solidarité.
Si, néanmoins, j’ai signé sans hésitation cet Appel de la vie, ce n’est pas seulement par solidarité avec ceux de mes amis qui ne peuvent être que profondément atteints par des propos négationnistes indirectement réhabilités ; c’est aussi parce que je pense, malgré le relativisme ambiant, que le statut de la vérité n’est pas négociable. C’est la vérité qui rend libre, proclame le Christ ; à la fin de sa vie, Gandhi disait que la vérité, c’est Dieu lui-même. J’adhère profondément à cet axiome : Il ne peut y avoir le moindre écart entre la Vérité et Dieu. Certes, la vérité de Dieu est incomparablement plus large que les vérités partielles auxquelles nous parvenons à accéder ; mais ces dernières constituent le marchepied de cette vérité totale à laquelle nous sommes appelés ; à ce titre, elles doivent être considérées avec un infini respect. Nier la volonté planifiée d’extermination des juifs par les nazis, nier les chambres à gaz et les camps de la mort, dont nous avons tant de témoignages, c’est refuser de voir une réalité dramatique dont nous ne pouvons ni ne devons faire l’impasse. C’est refuser la nécessaire recherche de l’image de Dieu après Auschwitz. C’est s’abstraire de la communion dans la quête de la vérité et du sens qui seule peut et doit nous rassembler dans une Eglise aimante agissant elle-même dans une démocratie vivante.