Apocalypse hier et demain – Exposition à la Bibliothèque Nationale de France, site François Mitterrand, Avenue de France 75013, jusqu’au 8 Juin.
Présenter une exposition sur l’Apocalypse par les temps qui courent, n’est-ce pas rajouter de l’angoisse à la peur ? L’entrée semble le confirmer, le visiteur est accueilli par des images extraites du film Melancholia de Lars von Trier, une gigantesque planète, nommée « Melancholia » va heurter la terre et la détruire. Ce n’est pas vraiment de bonne augure. Heureusement, si je puis dire, l’exposition est davantage basée sur le dernier livre du nouveau testament canonique, l’Apocalypse de Jean. Longtemps attribué à l’Évangéliste Jean, la tendance aujourd’hui est de dire que l’auteur serait Jean de Patmos, un prophète judéo-chrétien qui a dû fuir la Palestine pour se réfugier en Asie mineure au premier siècle de notre ère.
Apocalypse signifie dévoilement, ou même, annonce du royaume de Dieu – c’est ce sens que les commissaires de l’exposition mettent en lumière. Certes, c’est une mise en garde – la catastrophe avant une fin paisible. Et le texte a suffisamment impressionné de nombreux peintres, sculpteurs et autres graveurs pour les inciter à produire une iconographie foisonnante à travers les siècles, toujours accessible au spectateur moderne. Il déambule – avec étonnement – parmi les images exposant les turpitudes dont est capable le genre humain, les anges déchues, la chute dans l’enfer, le raffinement des tortures ont inspiré les artistes au point de produire des chefs d’œuvres. Notre imaginaire en garde des traces.
L’exposition fait cheminer le visiteur vers le monde d’après, l’apocalypse comme catalyseur pour faire advenir un monde nouveau, ce vieux rêve de l’humanité. J’ai retenu la sculpture de l’artiste franco-libanais Ali Cherri : l’Arbre de vie (2023), symbole d’immortalité, de renaissance, il est présent dans toutes les civilisations.
Des spiritualités se développent maintenant, désireuses de régénérer nos sociétés en recherche. Jean-Baptiste de Foucauld insiste sur le fait « qu’un sursaut spirituel est nécessaire pour faire face simultanément aux trois dettes : écologiques, sociales et financières, pour résister courageusement à la montée des politiques de puissance à l’est comme à l’ouest. Cela passe nécessairement par une forme de sobriété globale, valeur spirituelle s’il en est, une sobriété à inventer, elle doit être créative, juste et fraternelle » …
Une existence spirituelle est forte : non de toute puissance, mais de cette heureuse confiance en un chemin d’espérance, une dynamique interne qui fait se tourner vers l’autre, les autres et d’agir pour une vie accomplie – même sans Apocalypse…
Monika Wonneberger-Sander