« Lo Spagnoletto » « Le petit Espagnol » dit RIBERA
Le Petit Palais nous réserve une bonne surprise, celle de la rétrospective consacrée aux œuvres du « Spagnoletto » (surnom de Ribera en raison de sa petite taille), celui qui sera un des plus grands peintres de son temps. Espagnol né à Xativa (près de Valence qui a connu les pluies torrentielles de 2024) sera initié par son maître (Francisco Ribalta) au « ténébrisme » (caractérisé par un air exaspéré, une représentation violente et brutale de la réalité, accentuée par les détails épidermiques, anatomiques et psychiques des personnages représentés). À 15 ans, il est à Rome où il côtoie la peinture du Caravage qu’il va largement dépasser par l’audace de ses sujets. L’ampleur de l’exposition et les qualités des toiles exposées dévoilent les talents du peintre, graveur et fin observateur de la réalité de son époque.
Son message est radical par le choix de ses thèmes : bibliques, fables antiques, mythologiques, picaresques. Arrivé à Naples où il passera le reste de sa vie, il choisit des sujets largement traités alors et les réinvente, donnant vie à tout un peuple en marge de la société de son temps : les exclus, les garçons des rues, les gens des bas-fonds, les gitanes, les vieillards et leur rend une magnificence inattendue. Il révèle ainsi un nouveau chemin entre la richesse intérieure et la pauvreté extérieure. Le plus déshérité des humains se hausse à l’égal des plus grands souvent peints dans leur cruauté ou leur suffisance de classe.
Ces tableaux sont comme des fenêtres ouvertes par inadvertance sur ce siècle terrible où la splendeur des uns, voisine avec la truculence des miséreux, la violence de la « justice » et les silences du pouvoir, les dieux grecs et les philosophes, les saints et les damnés de la terre, le trivial et sacré. Peu à peu dans le parcours du visiteur se dessine toute une humanité avec laquelle nous pouvons dialoguer, méditer et trembler.