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10L203: La réinvention du nom de Dieu ; Où donc dieu s’en est-il allé ? par Monika Wonneberger-Sander

Gérard Siegwalt : La réinvention du nom de Dieu ; Où donc dieu s’en est-il allé ? Labor et Fides ; Genève 2021

 

« Penser Dieu à frais nouveaux » écrit l’auteur en introduction, il voit naître, dans notre environnement mondialisé en crise, un mouvement qu’il appelle « œcuménique », une ouverture à l’interpellation, pour  réfléchir à la réinvention du nom de Dieu.

Dieu se retire-t-il du monde ? Ou l’avons-nous oublié, exclu ? Chacun peut faire l’expérience de son absence, Jésus sur la croix pousse un cri de désespoir, Jean de la Croix parle de « nuit obscure ».  Gérard Siegwalt pense que le moment est venu de mettre à jour une autre interprétation du nom de Dieu, nom existant depuis toute éternité, pour nous préparer à l’accueil d’une nouvelle compréhension. Le danger serait l’instrumentalisation de Dieu ou sa réduction en un juge ; non, Dieu tire du chaos et par sa parole, éclaire le cœur de notre obscurité. On a beau utiliser divers termes pour contourner le mot « Dieu » (spiritualité, transcendance, force), Dieu est le mot de base (Urwort, archétypal, disait Martin Buber), impossible à oublier.

Dans la deuxième partie du texte, l’auteur nous oblige à nous confronter au réel, choc salutaire pour sortir du déni, de lutter contre notre tendance à l’évitement. De quelle réalité parlons-nous ? Il y a la crise environnementale, le réchauffement climatique qui touche toute l’humanité, annonçant une nouvelle civilisation et l’injustice entre les peuples qui menace la cohésion entre humains au risque de la barbarie. Tout cela sur fond de questions existentielles comme le pardon, la liberté intérieure, la fraternité… Pour nous aider à réfléchir, faisons mémoire du passé, des traditions qui témoignent de Dieu. Cela doit interpeller les religions : face au choc de la réalité d’aujourd’hui, seront-elles crédibles et légitimes, temporellement et spirituellement, capables de rendre compte des textes fondateurs, interprétés à la lumière de notre actualité ?

Chacun est ainsi renvoyé à sa propre responsabilité : le premier témoignage de Dieu est notre attente, puis, en nous disposant à l’écoute, nous comprenons qu’il se communique, lui-même, directement, à travers un être humain, en Esprit. Et l’homme peut recommencer à parler du Dieu oublié qui est resté effectif (p. 120) dans une prise de conscience universelle. Les enjeux, comme les risques – prise de pouvoir, idoles qui prennent la place de Dieu …- sont très importants, mais ils sont aussi le socle du combat spirituel qui s’annonce : un long chemin  ponctué de réflexion, d’études ; le prix à payer pour être en mesure de dire « je ».

N’oublions pas que la certitude rend immobile, elle a donc un côté mortel, l’incertitude permet de nous sentir vivants, elle est la vie et nous fait avancer à l’aide de ce texte puissant et subtil, plein d’espérance en cette force (autre nom de Dieu !) innée qui nous habite.

 

Monika Wonneberger-Sander, Janvier 2024

 

A propos Régis Moreira

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