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17L202: Défi climatique – Avançons avec les Décarbonautes !

Défi climatique – Avançons avec les Décarbonautes !

Point n’est besoin de recenser tous les signaux et messages alertant sur le danger que fait courir à l’humanité le réchauffement climatique et sur l’urgence d’une action climatique résolue et efficace. La COP 28 qui se tient à Dubaï du 30 novembre jusqu’à mi-décembre, malgré toutes ses contradictions, aura au moins approuvé unanimement ce constat. C’est donc à chaque pays qu’il revient, conformément aux engagements de la COP 21 (Paris, 2015) d’organiser la transition qui doit mener l’ensemble de la planète à la neutralité carbone en 2050. Que fait donc la France ?

Certes, le gouvernement agit

La création, dès le début du quinquennat, du SGPE (Secrétariat général à la planification écologique) a marqué une innovation importante : une équipe de 25 personnes directement rattachée à la Première ministre, travaille en impliquant chacun des ministres. Ses recherches, orientées vers un objectif de réduction des émissions de 50 % entre 1990 et 2030, ont abouti à un plan fixant des objectifs chiffrés par grand secteur économique dont on ne peut nier la cohérence et le sérieux. La discussion de ce plan est maintenant prolongée au niveau des territoires.

Par ailleurs, le gouvernement a engagé un grand programme de formation des hauts fonctionnaires aux enjeux de la transition écologique, avec pour objectif la formation de 25 000 d’entre eux d’ici 2024, avant de généraliser celle-ci à l’ensemble des agents publics, toutes fonctions publiques confondues, à l’horizon 2027.

Mais la démarche reste hésitante. L’accent est mis avant tout sur l’innovation technique, considérée comme la réponse majeure au défi climatique. La transition écologique ne doit pas heurter les Françaises et les Français, ni bousculer leur mode de vie ; loin de toute contrainte, elle doit favoriser la souveraineté, l’emploi et la justice sociale. Ainsi se définit « l’écologie à la française » prônée par le Président. En partie inspirée par le souvenir des Gilets jaunes, elle ne propose pas à la société un cap clair et mobilisateur.

Quelques conditions pour réussir la transition écologique

 

Le défi climatique est gigantesque : en ce qui concerne la France, il s’agit de passer d’une émission moyenne annuelle de 9 tonnes d’équivalent CO2 par personne actuellement à 1,5 tonne en 2050 pour respecter les engagements pris lors de la COP 21. Le saut à franchir est tellement énorme qu’aucune piste ne peut être négligée, ni celle, effectivement, d’une innovation technique de grande ampleur, qui selon l’ADEME devrait permettre d’accomplir 2/3 du chemin, ni celle, plus difficile mais indispensable, d’une sobriété des citoyennes et citoyens mais aussi des entreprises.

Mais attention ! La sobriété ne sera acceptable que si elle est équitablement répartie (plus d’efforts pour les plus riches), et précédée d’une forte réduction des inégalités. Sans justice sociale, la transition écologique ira à l’échec.

La sobriété individuelle peut se décréter par le biais d’interdictions, d’amendes ou d’incitations. Mais elle n’atteindra sa pleine efficacité que si elle est liée à une mobilisation citoyenne de grande ampleur.

Les sondages[1] montrent que les habitants de notre pays sont attachés à cette valeur. Encore faut-il les mobiliser collectivement.

Dernière condition indispensable : les modalités de la transition écologique doivent résulter d’un choix démocratique permettant à chacune et chacun d’entre nous de donner son avis. La démarche de la transition est suffisamment importante pour que les meilleurs outils de débat et de décision soient mobilisés.

Un grand pas proposé par les Décarbonautes[2]

Leur proposition ? L’organisation, à l’échelle nationale, d’une assemblée de codécision sur le défi climatique.

Objectifs : cette assemblée devra faire le tour des informations et données disponibles sur la décarbonation de notre économie, débattre des différentes voies possibles pour atteindre, dans la justice sociale, la neutralité carbone en 2050, et proposer des choix, ou un certain dosage, entre la stratégie par les réglementations et incitations, celle du signal prix et de la taxation, et celle, insuffisamment présente dans le débat, des quotas individuels. Ces sujets, pourtant essentiels, n’ont pas été traités par la Convention citoyenne sur le climat.

Quel outil démocratique ? L’Assemblée de codécision, expérimentée avec succès, à Clermont-Ferrand et à Rennes-métropole, par l’association Les CRD[3], porteuse opérationnelle de cet outil.C’est une sorte de convention citoyenne, mais avec deux différences importantes.

1/ Tous les acteurs impactés participent au débat et à la décision collective : panel représentatif de citoyens et citoyennes tirés au sort, experts, élus, fonctionnaires, représentants des ministères, des parlementaires, des entreprises, internautes volontaires…

2/ Celle-ci s’élabore progressivement, non sur la base d’un vote pour ou contre, mais « au consentement », après avoir clarifié les contradictions par le débat. L’écueil majeur de la Convention citoyenne pour le climat de 2020, le hiatus avec le gouvernement et les parlementaires, se trouve ainsi notablement réduit.

Bien conçu et bien accompagné, ce dispositif peut constituer un formidable outil de mobilisation citoyenne, capable « d’embarquer » une part significative du corps social dans une démarche de transition écologique efficace, juste et démocratique.

L’action des Décarbonautes

 

L’objectif de ce collectif rassemblant 70 organisations (collectivités, entreprises, associations) et quelques centaines de citoyens, est d’obtenir que l’État organise une assemblée de codécision sur le défi climatique.

Pour ce faire, ils ont commencé par interpeller l’ADEME, qui s’est montrée favorable à cette initiative. Ils ont ensuite approché les cabinets de plusieurs ministres, dont celui d’Olivier Véran, ministre délégué en charge du renouveau démocratique. L’accueil a été favorable, mais les suites tardent à venir.

Ils ont alors défini une nouvelle stratégie, consistant à donner plus d’ampleur et de notoriété à leur mouvement, avant de constituer un groupe de travail parlementaire.

Nous en sommes à cette phase. Pour croître en notoriété, il leur faut se doter d’une structure plus opérationnelle, donc disposer de moyens financiers plus importants. D’où la campagne de crowdfunding lancée le 1er décembre, lors d’un grand rassemblement organisé à l’Hôtel de ville de Lyon, avec l’appui de cette municipalité.

Le Pacte civique soutient l’initiative des Décarbonautes depuis le début, et coopère régulièrement avec les CRD. Il est d’ailleurs représenté au CA de cette association.

Chère lectrice, cher lecteur, notre recommandation est simple : soutenir les Décarbonautes, faire connaître leur projet et, pourquoi pas ? Y participer activement.

[1] En particulier ceux que le Pacte civique a réalisés avec Viavoice (citoyen-ne-s, salariés et personnes pauvres).

[2] Rendez-vous sur le site https://www.lesdecarbonautes.fr/

[3] Les citoyen-ne-s pour le renouvellement démocratique.

A propos Régis Moreira

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