Relire le relié
Ce sont deux termes qui définissent la religion.
L’auteur nous parle tout d’abord de trois inventions faites par les grecs anciens : la monnaie, les mathématiques et l’alphabet. Il évoque ensuite l’âge axial où les grandes civilisations apparurent et suscitèrent les religions. Il appelle ces inventions les points chauds. Puis il évoque l’invention de la monnaie, de la géométrie et de l’algèbre, ainsi que les quatre réseaux tissés par la monnaie, les sciences, les langues et les religions et le périple des trois rois mages qui les incarnent et découvrent la religion à l’état naissant.
Ces quatre réseaux subissent actuellement une crise de transformation.
Les Lumières subirent une quasi-extinction par l’éclair de la bombe atomique. Il décrit la densité surnaturelle incarnée dans le dieu vivant jusqu’à l’hostie.
Il compare la durée longue des religions qui perdurent, du spirituel, alors que les empires, la politique, le temporel s’effondrent et passent. Les rythmes et les tempos diffèrent.
« Mimant le rythme du monde, le religieux en relie les tempos ».
La religion relie le ciel et la terre et les humains entre eux.
Il décrit le tribunal du peuple, de la basse-cour et celui de la cour de justice qui condamnèrent le Christ. Il évoque le deuxième tribunal, qui n’a jamais eu lieu : celui des exactions au sein des cultures.
Le troisième tribunal est celui de la théodicée, celui de Dieu responsable du Mal ; mais, en définitive, c’est la société, le collectif, qui est responsable.
Il montre que le lynchage sacrificiel mène à une régression à l’infini dans la violence.
Il disserte ensuite sur la société du spectacle qui impose une unique cérémonie par ses machines ; les média s’emparent de toute la religion en instaurant des faux dieux.
Tout collectif ne cesse de fabriquer des faux dieux.
La culture rurale baigne encore dans les paraboles de l’Évangile ; Jésus ne va à la ville que pour mourir. « L’incarnation sort de terre entendue comme glaise et humus. »
Vient ensuite un long développement sur l’évolution du sacrifice passant du sacrifice humain à celui de l’animal pour terminer par le « passage à la flore », avec le pain et le vin, « anthropologie en trois actes ».
Les appartenances engendrent la rivalité, le conflit et la mort. Jésus s’oppose à cette « libido d’appartenance », mais les églises ont commis dans leur histoire le péché de reconstruire des appartenances.
La Sainte Famille innove dans la société fondée sur la généalogie familiale. Elle y substitue l’adoption, le choix par amour.
« Ce renoncement définit, sans le dire, le christianisme comme déconstructeur des liens de la parenté de sang, dite naturelle. »
En ce sens, cette révolution est surnaturelle…
La dilection adoptive déconstruit les relations biologiques, charnelles et sanguines de la famille.
L’apparente étrangeté de cette relation ouvre, pour la première fois, l’humanité à un universel ; elle devient « la condition rationnelle de cet universel ».
L’annonce faite à Marie signifie que cet engendrement n’est ni naturel, ni culturel, mais spirituel…
Marie annonce à Bernadette à Lourdes qu’elle est l’Immaculée Conception ; sa mère, Anne, l’a conçue comme exempte du péché originel. C’est la triade féminine, face à la Trinité canonique. « Notre machisme en oblitérait la lecture éblouissante ».
Nous relisons sans cesse les dogmes du christianisme pour découvrir leur vérité cachée, alors qu’il sont « loyalement faux ». ( virginité de Marie, Résurrection du Christ, etc ). Il fait un parallèle entre cet aveuglement et l’aveuglement devant la découverte en science des innovateurs « porteur d’une vérité transfigurée ».
Il définit le christianisme comme un « mono-polythéisme », entre l’anthropologie et le mysticisme.
Il décrit ensuite, par un long développement, « l’extatique joie à la relation intime du sujet divin, dans sa multiplicité unitaire ou sa trinitaire unité ».
Il continue ensuite par les « prépositions du croire », vivre en Dieu et non pas croire à Dieu.
La religion construit une maison qui est « l’hostellerie du repos », puis évoque Zénon d’Énée comme allégorie de l’impossibilité d’accéder à « l’ultime station. »
Il termine ce chapitre par ce long chemin qui l’amène aux portes de la mort à se trouver « infiniment loin du but espéré ».
Dans dernier chapitre, il effectue un récapitulatif où il situe ses écrits dans le contexte global des œuvres telles que celles de Leibnitz, Pascal…
Il appelle ensuite à une synthèse subjective qui dépasse le dualisme ( âme, corps, etc). Les disciplines scientifiques ne réalisent pas cette synthèse globale ; les religions tendent d’y répondre par la relation.
La synthèse nous plonge dans l’indécidable, l’insupportable du « tiers inclus ». Il annonce la fin de « l’âge analytique », tout en ne négligeant pas l’intégrisme comme le « risque des synthèses ».
Par la confrontation avec les sciences , les religions découvrent « leur faiblesse essentielle, leur non violence ».
Il évoque le schéma de René Girard sur la violence collective contre le bouc émissaire. « Un Dieu de colère et de vengeance ne ferait que perpétuer la violence ; un Dieu d’amour l’éradique à tout jamais. »