Nous étions une bonne centaine de représentants de différentes spiritualités et traditions religieuses à participer à la marche organisée pour la 3ème année consécutive par la CINPA (Coordination interconvictionnelle du Grand Paris) dimanche 14 mai à l’occasion de la Journée internationale du Vivre Ensemble en Paix. Au départ de la place de la République, le cortège, repérable à ses écharpes blanches et à ses banderoles, s’est ébranlé dans les rues voisines jusqu’aux berges du canal St Martin, très paisibles en cette matinée dominicale, s’arrêtant au passage devant la façade blanche et les lettres en mosaïque bleue de l’hôtel du Nord popularisé par le film de Marcel Carné. Nous avons rejoint la Cité fertile, installée à Pantin sur une ancienne gare de marchandises devenue un tiers-lieu écoresponsable dédié aux enjeux de la transition écologique en ville, dans un « quartier prioritaire politique de la ville ».
A l’arrivée dans ce vaste espace, les Scouts musulmans ont entonné un chant de paix en arabe et en français. Un repas partagé a permis de poursuivre les échanges entre les membres des différentes associations inter-religieuses ou inter-convictionnelles représentées : Aisa ONG, Amitié judéo-musulmane de France, Coexister, Compostelle Cordoue, D&S, Ensemble avec Marie, la fédération du Scoutisme Français, le GIP 78, La Fontaine aux religions, la Fraternité d’Abraham, le mouvement bouddhiste Soka, les Scouts musulmans, les Voix de la Paix.
Des ateliers étaient prévus l’après-midi. L’un d’eux était animé par Daniel Lenoir, président de D&S et membre du Conseil national des villes (instance de réflexion, d’analyse et d’anticipation des politiques publiques en faveur des quartiers prioritaires) et Grégoire Picot, président de Culture Espérance Roquette, une association qui développe un partage culturel et artistique interdisciplinaire, anime un réseau d’acteurs locaux et valorise la rencontre pour mieux vivre ensemble dans le quartier Bastille-Popincourt à Paris. Le thème de l’atelier « Faire vivre la démocratie dans les quartiers » a permis d’engager une réflexion passionnante dans un groupe qui était interconvictionnel. Daniel a évoqué les politiques publiques, l’identification des « quartiers politique de la ville » (QPV) définis selon le critère du revenu par habitant, avec des actions de l’Etat visant une amélioration de l’activité économique, de l’emploi et du cadre de vie et la mise en place de conseils citoyens représentatifs de la diversité. Après 40 ans de politique de la ville, les résultats sont toujours questionnés, la contribution du plus grand nombre à la démarche participative n’est pas toujours favorisée. Le constat est fait de l’insuffisance des outils utilisés pour mobiliser les habitants et favoriser leur engagement sur le territoire, pour générer le vivre ensemble dans des quartiers qui subissent un chômage et un décrochage scolaire plus élevés qu’ailleurs, des difficultés d’accès aux droits, aux services et aux soins. D’autre part, des appels à projet, lancés par la ville de Paris ou des collectivités locales pour favoriser la participation citoyenne ne trouvent pas de candidats. Il faut donc réfléchir autrement.
Si on a un besoin d’un cadre favorable, en vue d’une démocratie effective il faut faire ensemble, nous dit Grégoire Picot, très actif sur le terrain. Selon lui, il faut renforcer notre capacité collective de transition vers la démocratie, restaurer notre confiance en nous-mêmes et dans les autres grâce à une expérience transformatrice, le développement des conviviales de quartier, autour de trois concepts : relier, faciliter la coopération, converger dans des événements organisés ensemble. Et puis capitaliser sur ces expériences, analyser les bonnes pratiques, se les approprier, s’enrichir de l’intelligence collective.
Face à une crise profonde de la démocratie, la logique de proximité est un nouveau sujet à approfondir, un nouveau laboratoire à créer à D&S.