Jacques Arnould : Dieu n’a pas besoin de « preuves » – Dieu et la science, contre le mélange des genres ; Albin Michel 2023
En introduction, l’auteur rappelle cette citation : Dieu est mort disait Nietzsche en 1883 : Nietzsche est mort dit Dieu en 1900.
La question de Dieu préoccupe l’humanité depuis ses débuts, aucune réponse satisfaisante ou définitive concernant l’existence de Dieu n’a pu être trouvée, encore qu’Il semble toujours avoir le dernier mot. Question de foi pour les uns, question de certitude pour d’autres qui le prouvent sur 577 pages, preuves scientifiques (?) à l’appui ou réponse négative pour les dubitatifs. Sans compter le grand nombre d’indifférents qui ne se posent pas ou plus la question.
Croyez ce que vous comprenez,(1) semble être une réponse adéquate à cette question délicate. Beaucoup de ceux qui croient ou veulent croire, cherchent en effet à comprendre, en lisant, en étudiant, en réfléchissant. Jacques Arnould, théologien réputé, Dominicain ayant quitté son ordre, chargé de mission au Centre national d’études spatiales (CNES) réunit tous les critères pour une recherche fouillée (et une réponse ?).
L’auteur entraîne son lecteur à travers le cosmos, lui permet de rencontrer les grands penseurs – tiens Einstein n’a pas été tout à fait honnête scientifiquement parlant pour authentifier ses découvertes, même Pie XII a « triché » et si Gagarine n’a pas vu Dieu lors de son voyage spatial, Buzz Aldrin a accompli des rites religieux avant de poser pied sur la lune. Richesse de la diversité humaine.
Alors, y a-t-il une réponse simple à la question sur l’existence de Dieu ? Les grands prophètes à travers l’histoire ont tout au plus pu contempler Dieu de dos – car on ne peut voir Dieu sans mourir, disent les Écritures. Il y a aussi le mur de Planck auquel se heurtent mathématiciens et physiciens, il existerait une frontière infranchissable par le savoir, les sciences des humains, derrière pourrait se trouver (se cacher ?) Dieu (p. 74). Dieu ne fait-il que passer ?
La vie est le chemin obligé de l’être et donc le chemin vers Dieu, conclut le Jésuite Teilhard de Chardin après avoir passé sa vie à la recherche de son créateur. Scientifique et théologien lui aussi, ses réflexions l’ont conduit à repenser les rapports entre Dieu et l’humanité, il disait de lui-même qu’il avait l’âme panthéiste.
Lecture passionnante donc d’un auteur qui ne risque pas de se laisser entraver par l’orgueil. A l’image de la citation de Jacques Monod dans « Hasard et nécessité », il nous renvoie à notre liberté de choix entre le Royaume et les ténèbres à condition de comprendre que la vie nous oblige à la confrontation avec la dure réalité du monde.
Ah, j’oubliais, on trouve dans la Bible, dans le livre de la Sagesse (7, 22 à 8.1), livre qui ne fait pas partie de la tradition protestante, un texte où l’on peut lire « Il y a dans l’univers un esprit intelligent et saint, unique et multiple, subtil et rapide ; pénétrant, net clair et intact ; ami du bien, vif, irrésistible, bienfaisant, ami des hommes ; ferme, sûr et paisible, tout-puissant et observant tout, traversant tous les esprits, même les plus intelligents, les plus purs, les plus subtils »…
Monika Sander, avril 2023
1/ Cardinal Ratzinger