Jean-Claude Devèze (V2 du 12/04/23)
Questions aux musulmans français
Regarder le 8 avril 2023 sur Arte le reportage « Burkina : la guerre contre l’école » m’a rempli de tristesses : population fuyant les villages de brousse attaqués par des djihadistes, écoles détruites, enfants ayant vu leurs proches tués qui sont affectés de troubles psychiatriques, campements de réfugiés près des villes dépendant de l’aide alimentaire internationale… Pendant ce temps, la junte au pouvoir fait de la France un bouc émissaire commode, verrouillant peu à peu l’accès aux médias français (France 24, RFI, Le Monde, Libération) et mettant sous pression les journalistes burkinabè. Au Mali et au Burkina, des imams influents se font les complices des militaires au pouvoir pour passer d’un islam traditionnel pacifiste à un islam en recherche de pouvoir, au point de ne plus être capable de dénoncer les détournements de leur religion par les djihadistes.
Regarder les reportages sur l’Iran et l’Afghanistan conduit de même à s’interroger sur cet islam intégriste et violent qui oppresse les femmes ; de plus, il combat toute éducation qui les libèrerait de la dictature des mollahs et imams. Il faut malheureusement constater que des organismes influents comme la Ligue islamique mondiale, chantre de la paix et de la solidarité, se réjouissent des accords de paix avec l’Afghanistan en 2021, mais ne se préoccupent pas de leur suite sur la situation des populations concernées.
Face à ces réalités barbares et sexistes mises en œuvre au nom de leur religion, les musulmanes et musulmans français m’apparaissent comme inaudibles. Pourquoi ne dénoncent-ils pas avec force ces situations scandaleuses qui s’inscrivent dans la durée ? Sont-ils si occupés par la défense de l’image de leur religion et sa promotion en France au point de ne pas vouloir lutter contre ses expressions violentes dans beaucoup de pays musulmans, ce qui interroge la sincérité de leurs proclamations en faveur d’un islam de paix? Trop d’hommes, habitués à ce que des femmes se dévouent toute leur vie à leur service, sont-ils devenus incapables de promouvoir la libération de la femme dans le cadre d’une complémentarité respectueuse entre sexes ?
PS Courrier des lecteurs à La Croix en 2019
Le jeudi 26 septembre, La Croix a publié une interview du secrétaire général de la Ligue Islamique Mondiale, Mohammed Al-Issa, ancien ministre de justice d’Arabie Saoudite. Ce dernier a tenu des propos ambigus sur la place des autres religions dans son pays et proclamé des grands principes contradictoires avec ses actes quand il était ministre. Ayant assisté le mardi 17 septembre à la Conférence internationale de Paris pour la paix et la solidarité qui était placé sous le patronage de la Ligue Islamique Mondiale et de la Fondation de l’Islam de France, j’ai ressenti un profond malaise. Mohammed Serfaoui l’explicite très bien dans Le Figaro du 25 septembre : « L’Arabie saoudite, dont l’image est largement entamée, instrumentalise les autres religions pour essayer d’apparaître comme un régime sérieux et respectable ». Le Repères accompagnant l’entretien avec le secrétaire général de la Ligue Islamique Mondiale donnait des informations intéressantes sur cette organisation. Par contre, il manquait des regards croisés pour resituer les manœuvres d’organisations musulmanes* liées à certains pays du Proche orient qui ont soutenu des intégrismes musulmans ayant dérivés vers le terrorisme et qui continuent d’appuyer ceux qui veulent faire passer dans le monde leur pouvoir religieux avant le pouvoir politique et qui veulent placer les communautés musulmanes en Europe sous leur influence.