Evelyne Larguèche : La Provocation – Au risque de l’image de soi
Ed. In Press, 2023 – Collection Psy pour tous
Evelyne Larguèche est sociologue, docteure en Psychopathologie clinique et Psychanalyse, ce texte sur la provocation fait suite à son essai « L’injure, la blessure du moi » publié dans la même collection en 2021.
La provocation est-t-elle uniquement un risque comme l’indique le sous-titre, ou peut-elle être un soulagement sinon une libération ?
L’autrice procède par étapes en passant par le sens des mots, on peut provoquer « à » ou « quelqu’un » ou simplement se demander à partir de quand ou de quoi il y a provocation. S’agit-il d’une infraction ou d’une effraction, d’une transgression ou d’une perversion ? Elle peut-être verbale ou scripturaire – nos réseaux sociaux en sont un bel exemple – mais aussi muette, le mutisme est une arme redoutable.
Autre facteur important : l’état de la société, ce qui est provocation aujourd’hui sera peut-être acceptable quelques années plus tard (comme le mariage de deux personnes du même sexe), c’est un des moyens de changer la société à marche forcée mais au risque de la déstabiliser. Et attention à l’effet « meute », tout à fait redoutable. Pour diminuer au mieux tout risque de manipulation, consensus et consentement devraient faire partie de l’enseignement général.
Si agression, humiliation, culpabilisation, non-respect de la personne sont souvent le but de la provocation, délicatement utilisée, elle peut s’avérer efficace pour faire réfléchir et avancer, guérir d’une vulnérabilité.
Quid du provocateur ? Qu’est-ce qui l’incite à se lancer dans cet exercice périlleux ? le sentiment d’exclusion ? l’empathie comme forme d’appel à la complicité ? désir de réflexion ? Il peut choquer aujourd’hui et être accepté comme précurseur quelques années plus tard. « Tout est à comprendre, surtout ce qui paraît évident » déclarait un jour Boris Cyrulnik. Même la personne dont la simple existence est considérée comme une provocation permanente.
Reste une chose, la provocation peut faire beaucoup de bien à la personne qui la prononce ; elle le libère et il s’en sort grâce à une pirouette « de toute manière c’est lui qui a commencé ». Peut-être est-il plus raisonnable de se servir de la dérision ou de l’humour pour se sortir d’une situation redoutable ?
Court récit extrêmement fouillé, impressionnant par sa précision. Il évitera au lecteur une psychanalyse longue et coûteuse.
Monika Sander, février 2023