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5L191: Aspirations de jeunes de l’enseignement supérieur

Libre propos de Jean-Claude Devèze, le 31/05/22

Aspirations de jeunes de l’enseignement supérieur

 

Nous nous interrogeons sur les jeunes générations, leurs aspirations, leurs engagements, plus ou moins radicaux ou durables. Dans l’actualité, deux événements contribuent à répondre à cette question, l’un à AgroParisTech, l’autre dans les  Écoles normales supérieures.

Sur le premier, La Croix a publié le 31 mai ce courrier des lecteurs que je leur avais adressé : « Ayant été formé à l’Agro de 1962 à 1965, j’ai écouté avec beaucoup d’émotions la présentation le 11 mai par huit jeunes diplômés de leurs aspirations et de leurs premiers engagements. Leur appel à bifurquer et à donner du sens à leur vie m’a rappelé que, pour sortir du moule de l’agriculture productiviste et exportatrice, je m’étais engagé dans la promotion des agricultures familiales paysannes en France et dans le tiers-monde. J’espère cependant que la radicalité d’une part croissante de cette nouvelle génération ne leur fera pas perdre de vue l’importance de relever, avec tous les acteurs de notre société, le défi de réussir les difficiles transitions en cours du local au global. Des jeunes formés dans nos écoles doivent donc aussi se mouiller dans des emplois moins « purs » pour veiller à ce que tout ne s’effondre pas faute d’un exercice par certains de responsabilités structurantes. L’important est que nos élites idéalistes et nos élites réalistes dialoguent et discernent ensemble  pour préparer un devenir commun en assurant le court terme et en préparant le long terme. »

Sur le second, France culture dans « Le reportage de la rédaction » du 31 mai attirait notre attention sur la mobilisation de 150 étudiants des Écoles normales supérieures en faveur d’une recherche plus impliquée dans les transformations de notre planète. En avril dernier, un groupe d’une quinzaine de ces normaliens a fondé le Collectif Effisciences qui veut adapter la recherche aux enjeux du réchauffement climatique, des pandémies, des inégalités nord sud ou de la destruction des écosystèmes. Ils appellent à une recherche plus ouverte, moins compartimentée et qui ne suivrait plus ni les effets de modes, ni la disparité des financements, avec ses logiques court-termistes, ni la seule curiosité du chercheur. Ils sont aussi soucieux de proposer une boussole citoyenne pour se fixer un cap. Ces étudiants des ENS, s’inspirant indirectement du Conseil international des sciences, une ONG qui regroupe 180 organisations scientifiques, veulent proposer une plateforme pour définir un agenda collectif de recherche. Il s’agit donc de dépasser le cadre des Normales Sup pour faire tâche d’huile dans d’autres écoles et au-delà.

C’est un motif d’espérance que de jeunes étudiants et diplômés cherchent à donner sens à leur vie professionnelle ou s’engagent à penser ensemble notre avenir pour pouvoir agir. Aux élites de toutes les générations, composées d’idéalistes et comme de réalistes, de dialoguer et de discerner pour préparer un devenir commun en s’impliquant dans la mise en œuvre des solutions partagées avec tous ceux qui n’ont pas eu la chance de bénéficier dans leurs études d’une préparation à penser et à agir pour assumer leurs responsabilités.

A propos Régis Moreira

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