Soirée Nous tous, deuxième temps de la Journée internationale du Vivre Ensemble en Paix
Dans le cadre de la CINPA, le lendemain de la marche, Culture Espérance Roquette, une association partenaire de D&S qui prône le rapprochement par la culture, a projeté dans l’église Notre Dame d’Espérance (Paris 11e), le film de Pierre Pirard « Nous Tous », en partenariat avec AISA ONG International. Un débat et un pot convivial ont prolongé les échanges avec les représentants de plusieurs associations engagées pour la paix.
Ce documentaire, qui date de 2020, donne la parole à des acteurs du dialogue interreligieux à travers le monde. Il présente des histoires inspirantes de citoyens qui ont fait le pari de s’ouvrir à l’autre, malgré un contexte parfois dramatique, dans des pays touchés par des guerres fratricides.
Parmi les nombreux témoignages, j’ai été particulièrement impressionnée par le chemin spirituel parcouru par Kemal. Musulmans rescapés des camps de concentration serbes pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine en 1992, témoins des massacres perpétrés, Kemal et son frère connaissaient personnellement leurs bourreaux, c’étaient leurs voisins, un de leurs professeurs. Après des années de souffrance et de haine, Kemal parvient grâce à une aide psychologique à retrouver une certaine sérénité. Il passe du statut de victime à celui de survivant et décide de construire la paix non pas avec ses amis mais avec ses ennemis d’hier. Il crée une association le Pont pour la paix dont les actions sont concrètes : permettre aux jeunes de se retrouver autour d’activités artistiques, apprendre à se connaître loin des histoires familiales, des conflits hérités de leurs parents. Ce centre culturel est construit sur les ruines d’une maison à la frontière entre son village musulman et le village chrétien voisin.
D’autres modèles d’engagement sont présentés : il s’agit toujours de faire ensemble.
Le film est ponctué des analyses de l’écrivain Amin Maalouf qui met en garde contre les identités fermées et souligne l’urgence de construire un discours alternatif et de faire se rencontrer les personnes au-delà de leur appartenance qui, dit-il, est souvent une contrainte.
Ces témoignages, ces mouvements de résistance aux quatre coins de la planète sont essentiels pour garder espoir dans une période troublée, dans des sociétés très fragmentées. Lors du débat, les jeunes de l’association Coexister nous ont rappelé avec force que le vivre ensemble s’apprend et qu’il passe bien sûr par l’éducation.
Eliane Fremann