CONVIVIALE INTERNE DU 19 avril 2022
Second tour de l’élection présidentielle : discerner et préparer demain
Quelques verbatim, regroupés par points saillants, retracent les échanges vivants de cette conviviale intense, ils font aussi apparaître des suggestions pour certains ateliers de l’Université d’été 2022.
Introduction du Président : une conviviale interne aux membres de D&S, pour favoriser un dialogue en toute confiance ; un tour de table des 33 participants (ressenti, questions, analyse), suivi d’une discussion ouverte de prise de recul (discernement face aux dilemmes, futurs sujets de travail à D&S).
- Nous sentons autour de nous de nombreuses personnes ayant un sentiment de déclassification, démunis face à une complexification/incertitude croissante de notre contexte. Les colères qui s’expriment doivent être vraiment écoutées et entendues ; des déficits/retards considérables, en matière d’actions, se sont accumulés depuis plusieurs dizaines d’années face à certains besoins incontournables.
Dans cet environnement, toute forme d’arrogance est destructrice ; nous ressentons un malaise.
D’où une question-clé : comment redonner espoir, comment refaire communauté après certains clivages profonds ?
N’oublions pas qu’une partie du clivage est corrélée avec : d’un côté les personnes aux fins de mois difficiles, et de l’autre une situation plutôt heureuse de privilégiés, …
Il y a un besoin fort d’une fonction d’observation et d’une fonction de reconstruction.
Notre vote peut avoir des conséquences profondes, tant sur la France qu’indirectement sur l’Europe, en sommes-nous vraiment conscients ?
- Tirer effectivement parti de l’expérience de ces cinq années est vital, y compris pour diminuer l’emprise des populismes et des risques de complotismes.
C’est maintenant que cela aurait du sens de mettre en œuvre une spiritualité, une espérance « par temps de tempête ». Dans notre contexte, ce qui est solide a besoin de se révéler.
Valorisons, en les mettant pleinement en œuvre, les points positifs (ex : Loi PACT, organisation de Conventions citoyennes, dynamique européenne, …) ; et faisons concrètement barrage à des répétitions de points négatifs (ex : Jupitérien, pouvoir trop solitaire, pauvreté croissante de certaines catégories, …).
Posons-nous aussi la question : n’attendons-nous pas trop de l’État ? D’un homme ? Dans un environnement de plus en plus dur et incertain ?
- Pourquoi en sommes-nous arrivés là (pourcentage d’abstention, pourcentage d’extrême droite, mais aussi intensité des défis sans vitesse appropriée de résolution des conflits, ou même sans voies actuelles crédibles de solutions…) ?
. Les retards se sont accumulés avec les tactiques de mettre la poussière sous le tapis ; il est temps d’inverser la dynamique, sinon il sera trop tard ; comment ?
. Face à une évolution, dont internationale, plus anxiogène, comment sortir de la superposition des « contre », pour créer des processus de construction des « pour » visant certains biens communs irremplaçables ?
. Les mécanismes de fabrication de « boucs émissaires » fonctionnent encore fort : comment inverser la fabrique des populismes ? Sinon, quid en 2027 ?
. La somme des désirs des individus dépasse la somme des moyens disponibles, comment agir contre les manipulations des parties déraisonnables du consumérisme, et de l’individualisme exacerbé ? La frugalité nécessaire pour un demain viable est largement supérieure à celle qui paraît aujourd’hui acceptable : n’est-ce pas un grand chantier auquel D&S pourrait prendre sa part ?
. Notre prise de recul, personnelle et collective, ne doit-elle pas s’adapter d’urgence à la croissance de la taille géographique et systémique des enjeux ?
- Quel avenir, quelle vie désirable en société, proposons-nous à la jeunesse ? Quel sursaut ? Quels biens communs essentiels ? Quel Grand Récit ? Les fins de mois et le pouvoir d’achat ont toute leur importance, mais ils ne peuvent pas remplacer un projet commun qui a du sens. Comment mieux donner la parole aux jeunes, y compris dans D&S ?
- Le phénomène général de la montée des violences, et la perception qu’il n’y a que la violence qui paye, sont préoccupantes : le travail personnel et collectif sur la non-violence devient de plus en plus critique. Les mécanismes du développement et de l’accumulation des ressentiments posent question. Des lieux où tous peuvent débattre en vue d’un bien commun spécifique, restent à inventer et à faire vivre !
- 40% des catholiques pratiquants ont voté M Le Pen ou E Zemmour au premier tour ; souvenons-nous du courant maurrassien et des façons de refaire l’histoire. Il y a deux conceptions de l’amour du prochain : celui qui nous ressemble, ou inconditionnellement tout individu même s’il est différent de moi : chaque religion a un vrai travail à faire. Trump et les Églises évangéliques de la Bible Belt, ainsi que Poutine et l’Église orthodoxe de Moscou, nous interpellent pareillement.
Quelques constatations/réflexions/suggestions plus spécifiques évoquées :
- Une seule formation de gouvernement, encourage indirectement la croissance des extrêmes, ce qui appauvrit la vie politique ; la gauche est à reconstruire ; il y a besoin d’une gauche de gouvernement ;
- Chacun est invité à développer une vision cohérente : position à la présidentielle, stratégie pour les législatives (y compris pour développer des coalitions de complémentarités), et dynamique personnelle d’engagement dans des actions collectives (associations, etc.) ;
- Importance de la prise de conscience des conséquences du programme proposé par l’extrême-droite (discrimination légale, Frexit progressif déguisé, nombre de prisons, impacts géopolitiques dont européens, …) ;
- Il faut éviter de céder à la tentation du court-termisme : il faut absolument réguler mieux le système, notamment : la finance, le social, le juridique, l’écologique. Des mesures spécifiques pertinentes sont connues, il faut maintenant les faire décider puis effectivement les appliquer sur le terrain, les non-décisions et les incohérences de lois mal mises en œuvre gangrènent gravement et durablement le climat démocratique et social. La situation est devenue déraisonnable.
- Le numérique peut apporter une contribution innovante aux questions de la mise en œuvre d’une démocratie représentative et participative réelle. Y compris en donnant plus facilement envie à certaines catégories socio-professionnelles ou d’âge.
- 69% des musulmans ont voté pour JL Mélenchon au premier tour ;
- Un fait historique a été rappelé : le parti socialiste allemand s’est abstenu lors du vote initial concernant l’arrivée d’Hitler…
Cette conviviale a effectivement permis une qualité d’écoute et un dialogue, malgré des perceptions personnelles différentes ; elle a élargi notre champ de prise de conscience ; elle a permis un échange sur nos critères de choix. Elle nous provoque sur notre responsabilité pour les législatives, pour les 5 ans qui viennent, et aussi vis-à-vis de 2027.
En termes d’actions personnelles et de D&S :
- L’appel N°2 à un sursaut, écrit pour les présidentielles, va être adapté aux législatives.
- Certains travaux de D&S, comme par exemple celui sur Responsabilité, éthique et Spiritualité, sont tout à fait bien centrés par rapport à des enjeux critiques.
- Nos échanges mettent le doigt sur des sujets pertinents pour des ateliers de notre Université d’été 2022.
- Dans ces contextes, les 4 engagements de la Charte de D&S rejoignent l’actualité et prennent leur sens profond, notamment concernant la valeur de nos engagements personnels et collectifs, en cohérence avec nos différents votes.
- Les intuitions créatrices de D&S gardent toute leur pertinence, et les enjeux sont élevés.
- « Malgré la complexité du contexte, le contact personnel direct avec les gens de la rue lors de tractages, ou tout simplement avec mes voisins, m’ont rendue heureuse ».
Michel Ray-24/4/2022