Lutte contre la domination : un impératif spirituel
La domination est une constante dans toutes les sociétés humaines hiérarchisées ; le déploiement des Lumières, et en particulier de la démocratie représentative, ne l’a que très partiellement remise en cause dans les faits. L’échec majeur le plus récent est celui du communisme qui prétendait mettre fin à l’exploitation de l’homme par l’homme. On peut se poser la question de savoir si le triomphe de la domination capitaliste au nom de la ‘liberté’, n’est pas une forme de régression spirituelle.
Dans ce contexte, il y a actuellement une polarisation contre une forme de domination qui semble faire consensus : celle contre la domination masculine. On peut la concevoir, en essayant d’être optimiste, comme une lutte contre ce qui, à la base de toutes les dominations, est une domination incrustée dans le cercle le plus intime de la psyché humaine.
Jusqu’ici, la domination masculine était considérée comme une composante de la “nature humaine” sur laquelle les diverses luttes politiques contre la domination ne s’attardaient guère. Il y a eu les différents mouvements féministes depuis le 19 ème siècle, mais la lutte actuelle pour l’égalité dans toutes les sphères de la vie sociale, économique et politique est une des caractéristiques de nos sociétés modernes, pour l’instant essentiellement dans la sphère occidentale.
Ce mouvement est fortement lié à la laïcisation de la dignité de chaque personne humaine qui se manifeste de façon universelle, du moins pour les Occidentaux, dans le cadre de la déclaration universelle des droits de l’homme.
Elle est la résultante, sinon l’aboutissement, de la spiritualité chrétienne ; or les sociétés chrétiennes traditionnelles n’ont pas vraiment remis en cause la domination masculine ; elles l’ont même sacralisée, tout particulièrement dans la figure du prêtre catholique depuis la Contre Réforme.
Les populations actuelles, dont les ancêtres récents se sont émancipés dans leur démarche spirituelle de la domination des prêtres sur les âmes, ne supportent pas les actes de domination perverse exercés par certains. Ce qui était encore supporté dans les générations précédentes comme une résignation à certaines manifestations du Mal, pour conserver l’aura spirituelle de l’institution, apparaît actuellement comme scandaleux et devant être puni par la loi républicaine.
Cela a une incidence déplorable sur le peu de crédit dont jouit encore cette institution auprès d’une minorité de plus en plus réduite, mais il est à craindre que cela ne rejaillisse sur toute manifestation du sacré qui apparaîtrait de plus en plus comme entaché de perversité auprès de populations qui en sont éloignées. Elle empêche l’épanouissement de nouvelles formes de spiritualité, laquelle est inhérente à l’humain.
C’est donc un champ de réflexion et d’action incontournable pour nos sociétés démocratiques.