Quelle place pour le spirituel dans un monde en mutation ?
En ces temps de remises en question multiples et de pessimisme pesant, l’enjeu n’est plus de savoir comment nous allons trouver notre voie après la disparition de l’ennemi soviétique qui, au siècle précédent, avait polarisé les attentions et favorisé les rapprochements européens. Il s’agit maintenant de se situer dans un monde multipolaire de plus en plus incertain politiquement et de plus en plus menacé d’une part par la déshumanisation de nos sociétés, d’autre part par la dégradation de notre environnement.
Loin est le temps des certitudes occidentales sur le rayonnement de notre culture, sur la poursuite du progrès et sur l’avancement inéluctable des droits de l’homme et de la démocratie. Notre propre démocratie est menacée actuellement par le cercle vicieux de la montée des exigences en termes de nouveaux droits à accorder sans contrepartie, mais aussi des ressentiments, des défiances, des indignations, des colères, des haines pouvant dégénérer en violence. D’où les questions qui nous sont posées sur l’avenir de notre civilisation, de nos modes de vie en société et de notre démocratie.
Une de nos convictions est que nous ne pourrons répondre à ces questions que si nos cultures, trop polarisées sur la technique, l’argent et la consommation, se ressourcent auprès des personnes, nombreuses heureusement, qui construisent des identités ouvertes aux relations avec autrui, avec la nature et avec ce qui les dépasse, l’Absolu, l’Infini, l’universel, »Dieu » pour les croyants. Nous avons besoin de démocrates-spirituels et de spirituels-démocrates qui mettent en cohérence vision, pensée, paroles, comportements et actes et qui s’engagent dans la société et en politique. Ceci exige d’approfondir notre approche anthropologique de l’homo démocraticus et de l’homo spiritualis et donc de l’interaction de la spiritualité avec l’économique, le social, le politique, et le religieux.
D&S doit contribuer à générer ces »démocrates spirituels’, ou ces »spirituels démocrates’’ et à les rassembler pour promouvoir des processus vertueux reposant sur la maitrise de nos pulsions négatives, sur la transformation de nos indignations en résistance constructive, sur la disponibilité à la rencontre et au dialogue, sur l’acceptation des remises en cause et sur des prises de conscience qui conduisent à l’implication dans la durée pour promouvoir ce en quoi on croit.
Faisons-en sorte que notre vingt-cinquième anniversaire nous donne l’élan et le souffle pour poursuivre notre aventure et la renouveler à la hauteur des enjeux.