Rachid Koraichi, Conviviale D&S
Lors de la conviviale du 8 janvier 2016, Rachid Koraichi,nous a visité. Il est Soufi de la confrérie Tidjane .
Algérien,ses racines familiales remontent aux fondateurs de Médine. Il est né en 1947, il a vécu la violence de la guerre d’Algérie.
Il ne nous a pas dit ce qu’était le Soufisme mais ce qu’était un Soufi. « Peut être, après ma mort, ils diront, il a suivi la Voie »
Il produit des œuvres, généralement monumentales qui sont présentes et présentées dans tous les grands lieux d’exposition internationaux.
Ses oeuvres sont enracinées dans la mystique Soufi, nous pourrions dire, elles sont « signe et souffle de la mystique Soufi », «chaque homme renferme une parcelle de l’Esprit de Dieu » dit Tierno Bokar un Soufi de la confrérie Tidjaniya, haute figure de l’islam en Afrique noire au début du 20ème siècle.
Il marche, et ne s’arrête que dans des lieux où faire. Ayant fait, il reprend sa marche.
Il dit « Le temps a inventé ce que je suis »
« Mon atelier est le monde, je travaille avec celui qui depuis des générations « connait » et ainsi « je m’enrichis de cette connaissance. » De ce fait, ses Installations conjuguent des talents venus d’Europe et du Moyen Orient ….
Beaucoup de ses œuvres sont des « Installations Éphémères » : « J’avais besoin d’imaginer de vraies configurations et installations où les éléments seraient liés les uns aux autres, comme les grains d’un chapelet et donneraient à voir, à sentir et à écouter ».
Le Chemin des Roses, par exemple, a été exposé à Ankara, Casablanca, New-York, Alger, Venise etc…
Oeuvres Ephémères qui parfois se perdent.
Chaque sculpture est une écriture par elle même qui se démultiplie à l’infini pour former des mots, des phrases….
Elle se lit en volume et par les jeux de la lumière se projette en signes sur un plan.
Le Chemin des Roses est constitué de vingt huit (7×4) sculptures d’acier ( quatre vingt dix huit (7×14) centimètres de haut) et quatre vingt dix huit signes d’ acier de vingt huit centimètres.
Le Jardin d’ Orient, au Château Royal d’ Amboise, a été conçu en hommage à l’Emir Abdelkader, il est composé de 25 stèles, taillées dans des blocs de pierres importés d’Alep (Syrie), et gravées d’hymnes à la paix et à la tolérance. Les végétaux qui complètent ce lieu ont été choisis en référence aux cultures méditerranéennes. Chaque stèle est surmontée d’une sculpture en bronze, l’ombre du soleil balaye la pierre (ou la neige) donnant vie au message (photo ci contre).
Rachid Koraichi est fasciné par les chiffres, en particulier le chiffre 7 qui rythme ses oeuvres, comme nous l’avons vu pour Le Chemin des Roses. Ce chiffre est impair, il a un centre 4 qui peut prendre une position particulière..
Il dit, « le chiffre 7 n’a pas fini de vibrer en moi, de me dire tout ce qu’il a à dire ». Ce chiffre permet de compter, il unit et contient des éléments, il se décline en multiples. Mais en même temps il n’occupe pas la totalité de l’espace, signifiant la nécessaire modestie. Cette fascination des chiffres que l’on trouve aussi chez les Chinois, correspond à la recherche de la cohérence interne des choses, d’un centre d’où tout procèderait. C’est ce qu’il nous a montré avec la danse des Derviches Tourneurs.
Autre exemple: Lettres d’Argile, Amman, Bagdad, Sousse, etc.
7 vasques réalisées à Djerba, Anduze et Saint-Quentin-la-Poterie.
Les sept dormants
Le titre, « les sept dormants » fait référence à l’une des plus célèbres sourates du Coran, la sourate XVIII intitulée “La Caverne”, qui associe tradition chrétienne et tradition musulmane (les sept dormants d’Ephèse sont des saints communs honorés par l’Islam et la chrétienté).
L’ ouvrage rassemble les textes de John Berger, Michel Butor, Hélène Cixous, Sylvie Germain, Nancy Huston, Alberto Manguel et Leïla Sebbar.
Les textes sont en français et en anglais, traduits, calligraphiés en arabe et enluminés par par Rachid Koraïchi. Les auteurs sont de religion juive, chrétienne, musulmane ou sont athées. Les textes rendent hommage aux sept moines trappistes de Tibhirine (Algérie), assassinés le 21 mai 1996.
Rumi,
Le Poète et philosophe Soufi, Djalal al Dine Rûmi développe sa pensée dans la ville de Konya ( Turquie ), centre d’ échanges entre diverses confessions religieuses au XIII ème siècle. Il est le fondateur de l’ ordre des Derviches Tourneurs. Rumi a laissé une oeuvre considérable, dont le monumental Mathnawi, mêlant le conte, la poésie, les méditations
lithographie, 61×40 cm,
Rachid Koraïchi aime aussi le le chiffre 3 à cause des trois religion du Livre qui, dit il, ne sauraient être séparées.
Etendard, destiné à l’ installation Les Ancêtres liés aux Etoiles.
« Les étendards de soie constituent l’élément premier, en correspondance avec le voile noir brodé de fils d’or et d’argent qui recouvre la Kaaba à La Mecque. Par respect des trois religions révélées, j’ai choisi pour chaque étendard trois couleurs de textile ; tous les paroxysmes se rejoignent : l’amour, la passion, le sacrifice! »
« Je continue à peindre parce que cet acte engage à la fois l’ esprit et le corps physique. La pièce se suffit à elle même, elle doit répondre à un instant de sensibilité, de tremblements, d’émotions ».
Rachid Koraichi a témoigné longuement de sa fascination pour les mots:
« Je t’écris pour ne pas mourir » et aussi, « j’écris la mémoire des choses …Il y a beaucoup de livres mais il y a toujours quelque chose à dire »
Il nous a aussi montré que l’absolue nécessité portée par un homme de foi crée le « miracle »
Tierno Bokar , appelé aussi le Sage de Bandiagara (pays Dogon),
«chaque homme renferme une parcelle de l’Esprit de Dieu »;
« Le principe même de la religion est une étincelle pure, purificatrice et invariable dans le temps comme dans l’espace, étincelle que Dieu insuffle dans l’esprit de l’homme en même temps qu’il lui donne la parole»;
la Religion est Une dans son essence.
« La lumière de Dieu. Qui oserait la décrire ? C’est une obscurité plus brillante que toutes les lumières conjuguées. C’est la lumière de la Vérité. Ceux qui ont le bonheur d’y parvenir perdent leur identité, deviennent ce que devient une goutte d’eau tombée dans le Niger, ou plutôt dans une mer infiniment plus vaste en étendue et en profondeur ».
L’arc-en-ciel doit sa beauté aux tons variés de ses couleurs. De même, nous considérons les voix des divers croyants qui s’élèvent de tous les points de la terre comme une symphonie de louanges à l’adresse de Dieu qui ne peut être qu’Unique. »
Djalal al Dine Rûmi
Si tu es à la recherche de la demeure de l’âme, tu es une âme
Si tu es en quête d’un morceau de pain, tu es du pain.
Si tu peux saisir le secret de cette subtilité, tu comprendras :
Chaque chose que tu recherches, c’est cela que tu es.
Avec la puissance de l’aigle et la noblesse du lion
Viens dans l’entrepôt de l’âme avec des yeux qui ne soient pas avides.
Hâte-toi de te rendre là où ne sont ni tôt, ni tard
Va vers les hauteurs, là où n’existent ni haut, ni bas.
Dans ton âme, il y a une âme.
Dans le mont de ton corps, il existe une perle : cherche cette mine.
O soufi pèlerin ! Si tu cherches Celui-ci
Ne cherche pas en dehors de toi : cherche en toi-même.