Edgar Morin, né en 1921, sociologue, anthropologue et philosophe, directeur de recherche émérite au CNRS, est l’auteur de très nombreux ouvrages traduits dans le monde entier. Il s’est consacré pendant plus de vingt ans à la recherche d’une Méthode apte à relever le défi de la complexité qui s’impose désormais, non seulement à la connaissance scientifique, mais aussi à nos problèmes humains, sociaux, politiques. Cet ouvrage en six volumes est incontestablement son œuvre majeure, rééditée en 2008 (Seuil), reflet d’une vie passée à défricher, comprendre, articuler, et que Morin commentait ainsi : « Je n’ai pas fait le deuil de la connaissance. J’ai voulu, sinon tout connaître, connaître partout ; j’ai gardé en moi les questions dont on fait le deuil quand on veut s’inscrire dans la culture, et celles qu’on oublie quand on veut s’inscrire dans la société. C’est là sans doute mon enfance et mon adolescence prolongées.»
Pour une politique de civilisation (éditions Arléa)
Présentation de l’éditeur
Ce petit livre traite de problèmes dont nous faisons l’expérience quotidienne, et qui concernent notre vécu concret. Il s’agit des déficiences et des carences de notre civilisation et, par là-même, de nos besoins et de nos aspirations, qui ne sont pas seulement monétaires. Il s’agit de régénérer la vie sociale, la vie politique et la vie individuelle.
Dans les campagnes, les quartiers, un peu partout dans le pays, se créent de nombreux mouvements régénérateurs, mais ils restent isolés, dispersés.
D’où cet ouvrage, qui propose non un programme, ni un projet de société, mais qui définit une voie.
Pour prendre sens, ce texte est inséparable d’une réforme intellectuelle et d’une refondation politique. Un système qui n’a pas en lui les moyens de traiter ses problèmes est condamné soit à la régression – voire à la mort -, soit, en se dépassant lui-même, à la métamorphose.
En refusant la régression, en résistant à la mort, oeuvrons pour la métamorphose.
Présentation de Bernard Templier
Au mois de janvier 2008, les médias se sont rués sur un petit livre d’Edgar Morin, intitulé Pour une politique de civilisation, cette expression ayant été employée par Nicolas Sarkozy dans un discours. La réimpression en catastrophe par Arléa est la reprise d’un chapitre de ce livre datant de 1997, coécrit avec Sami Naïr.
Il faut replacer cet ouvrage dans l’évolution de la pensée d’Edgar Morin : en 1997, il a déjà publié 4 tomes de « La Méthode » (le premier en 1977), mais pas encore « l’Humanité de l’Humanité » (2001) ni surtout « l’Ethique Complexe » (2004).
Ici, en moins de 80 pages, il campe les principaux maux de notre civilisation et pointe la difficulté d’une prise de conscience. De l’aspiration à « changer la vie » et de la nécessité d’œuvrer pour la métamorphose découlent les impératifs d’une politique de civilisation » dont il brosse les caractéristiques principales.
Il est intéressant de voir l’approfondissement qu’il fera ultérieurement d’un certain ressort spirituel dans l’Ethique complexe et l’actualisation de la notion de métamorphose dans le Manifeste pour la métamorphose du monde (appel de Bora-Bora du 21 Mars 2009). Ce dernier propose les orientations principales suivantes : une politique de l’humanité et de civilisation, les réformes économiques et sociales, une réforme de la pensée et de l’éducation, la réforme de vie et la réforme morale.
La lecture de cet ouvrage stimulant et du récent manifeste nous invite à mettre en commun nos réactions et peut être utile à la dynamique qui anime ceux qui coopèrent à l’élaboration du Pacte civique.