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Nicolas Hulot en conférence avec D&S

Du pacte écologique à un pacte civique ?

Nicolas Hulot, né en 1955, est un journaliste-reporter, animateur-producteur de télévision et écrivain. À la suite de la renommée de son émission télévisée Ushuaïa, il s’engage dans la protection de l’environnement et la sensibilisation du grand public sur les questions écologiques.  Il crée la Fondation Ushuaïa qui deviendra finalement en 2011, la Fondation pour la nature et l’homme.

Conférence-débat avec Nicolas Hulot, 29 mai 2008

Quelques citations choisies par Nicolas Hulot:

« Si on veut changer le monde, il faut changer les hommes, et si on veut que les hommes changent, il faut leur donner envie de changer ». Einstein

« Notre croissance est devenue une excroissance ». Jean-Marie Pelt

« La nature, c’est le jardin visible de Dieu ». Gandhi

« Notre époque se caractérise par la profusion des moyens et la confusion des intentions ». Einstein

« Le progrès, c’est la révolution que l’on fait à l’amiable ». Victor Hugo

« La terre produit assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous ». Gandhi

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Une analyse comparée des démarches politiques de Nicolas Hulot et de Martin Hirsch, par Eric Lombard (D&S) : Une nouvelle manière de faire de la politique

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Comment ne pas passer de l’idolâtrie de la technique à l’idolâtrie de la nature ?
Notre association Démocratie et Spiritualité dénonce ce que Marcel Gauchet appelle, suite à Max Weber, le « désenchantement du monde », comme une idolâtrie cachée, l’idolâtrie de la domination technique qui est symbolisée par le célèbre mot de Descartes : « devenir maître et possesseur de la nature ».
Toute idolâtrie est une aliénation dans la mesure où elle « divertit », au sens pascalien du mot, l’homme de sa propre émancipation, œuvre essentiellement spirituelle. L’humanité prend progressivement conscience de la catastrophe écologique imminente qui risque de faire disparaître l’espèce humaine de la surface de la Terre. Cette catastrophe résulte de l’idolâtrie de la puissance, puissance de la technique qui se métamorphose en un culte de la croissance économique, forme contemporaine du culte du Veau d’or.
Le danger consiste à se contenter de vouloir permuter les termes de la domination, de brûler ce qu’on a adoré, la puissance technique, pour adorer ce qu’on a brûlé, la nature, Gaïa, la mère nourricière violée. Permuter les termes de la domination, c’est rester dans la problématique de la domination, c’est remplacer avec Jean-Jacques Rousseau l’idolâtrie de la « guerre de tous contre tous » (Hobbes),— religion implicite du néo-libéralisme économique contemporain —, par celle du « bon sauvage ».
Entendre l’exigence d’élévation spirituelle qui est au cœur de tout être humain, comme y invitent toutes les spiritualités au sens fort de ce mot, y compris les spiritualités athées et les messianismes révolutionnaires, comme l’a constaté D&S, c’est, dans les termes de Levinas, respecter la transcendance qui se révèle dans le visage de l’Autre. Comment « tenir bon » (culture de la résistance) en ne cédant à aucune idolâtrie, ni celle de la puissance, ni celle de la nature ?
Ne faut-il pas pour rompre avec cette alternative aliénante de la domination en appeler à une exigence spirituelle minimale ? Laquelle serait-elle qui permettrait la coalition de toutes les spiritualités au chevet de l’humanité ?

Jusqu’où va pour vous l’égalité politique entre l’homme et la nature ?
La démocratie réunit les conditions sociales et politiques minimales nécessaires à l’exercice du droit individuel à l’élévation spirituelle. Le respect pratique de l’altérité absolue, — la transcendance qu’incarne chaque être humain —, présuppose un minimum juridico-politique, l’égalité juridique et politique de chacun, autrement dit la démocratie, comme espace public ou peuvent dialoguer les êtres humains pour s’entraider dans leurs recherches spirituelles individuelles respectives.
Que la démocratie soit la condition nécessaire minimale d’exercice du droit de chacun à sa propre élévation spirituelle et aux délibérations par lesquelles les citoyens définissent le bien commun, l’intérêt général et les biens publics, parmi lesquels figure au premier chef la protection de l’environnement, cela semble faire consensus. En êtes-vous d’accord ? Les formes représentatives de la démocratie sont-elles suffisantes pour que la nature soit traitée sur un pied de radicale égalité avec les êtres humains ?
Faut-il aller vers davantage de démocratie participative ? Quelles sont les formes appropriées selon vous de mise en œuvre de la convention d’Aarhus dans le domaine de la démocratie environnementale ? Jusqu’où étendre cette intransigeance vis-à-vis de l’égalité de l’autre ? Faut-il y inclure l’ensemble des êtres vivants et rétablir ainsi la continuité entre l’espèce humaine et l’ensemble du vivant ? Comment donner la parole à ceux qui ne l’ont pas ?
Que pensez-vous des idées de Bruno Latour de constituer des « parlements hybrides » entre les êtres humains et le reste de la nature ? Comment organiser cette démocratie généralisée appelée par Bruno Latour pour y développer cette valeur inhérente à la démocratie ?

La démocratie est-elle pour vous une valeur spirituelle ?
Démocratie et Spiritualité va en effet plus loin en posant que l’épanouissement de la vie démocratique n’est pas seulement une condition d’élévation spirituelle mais est en soi une valeur spirituelle exaltant une solidarité généralisée, non seulement avec ce qui est humain et social et aussi avec la nature, « notre frère Soleil et notre sœur la Lune ».
Quels sont alors les « exercices spirituels » et écologiques pour que, dans le respect d’une laïcité ouverte sur un dialogue respectueux des différences radicales, la République invite chacun à pratiquer pour développer la vie démocratique et l’enrichissement spirituel qui en découle ?

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